ALIMENTATION
ENTERALE ET PARENTERALE
I - Généralités :
- C'est l'apport de
nutrition par voie entérale et/ou parentérale pour
prévenir ou combattre la dénutrition et ses
conséquences.
- La dénutrition,
c'est un déséquilibre entre les apports et les besoins
énergétiques.
- Conséquences de
la dénutrition :
- retard de
cicatrisation (paroi, anastomose)
- perte de
poids de plus de 15% du poids habituel
- atteinte
musculaire
- modification
de la cinétique pharmacologique
- complications
infectieuses (x 5)
- majore le
coût de l'hospitalisation et sa durée
(médecine générale : x 2, chirurgie : x 2 à
4, coût : x 2 à 3)
- défaut de
synthèse hormonale (hypothyroïdie,
aménorrhée,...)
II - Evaluation de l'état nutritionnel
:
II.a) Généralités :
- Dépistage des
dénutritions (en fonction de la morphologie, stabilité
pondérale habituelle)
- Définition de la
population à risque (complication post-opératoire,
infectieuse...)
- Suivi de
l'efficacité de la renutrition
- Méthode disponible
nombreuse mais pas de référence
II.b) Méthodes d'évaluation :
- Evaluation clinique par médecin expérimenté :
- étude de
la fonction musculaire (squelettique,
respiratoire) par dynamomètre, vélo, EFR
- mesure du
pli cutané = masse grasse
- bilan
azoté = état protéique global
- mesure des
protéines viscérale ( albumine, transferrine,
Retinal Binding Protéin )
- Aucune méthode ne
paraît vraiment adaptée pour malade de réa et pour
malade dénutri sévère.
II.c) Indice nutritionnel :
- NRI = Nutritionel
Risk Index = (1,519 X albuménémie) + (0,477 X % poids
usuel)
- SGA = Subjective
Global Assessement :
- évolution
récente du poids, niveau des ingestas, trouble
digestif, évaluation clinique
- dénutrition
sévère = 15 % poids du corps perdu
- dénutrition
modérée
- état
nutritionnel normal
- Réalité
fréquente à l'hôpital :
- 30-60% en
médecine
- 50% en
chirurgie (à l'admission)
III - Conséquence métabolique des
insuffisances d'apports caloriques ou protéiques :
- Priorités :
- Maintien
des activités métaboliques cérébrales
(maintien de la glycémie)
- Maintien
glycémie :
- apport
quotidien de 100g de glucose
- transformation
de protéine en glucide :
- catabolisme
musculaire
- catabolisme
lipidique = énergie
- mais
aussi maintien de la synthèse protéique
essentielle
Exemple :
|
normal
(65kg ) |
pertes
de poids de 25% (49 kg) |
protides
|
11,5
kg |
8,5
|
lipides
|
9 g
|
2,5
|
glucides
|
0,5
(peu de réserve) |
0,3
|
pertes
quotidiennes |
AZOTE
|
MUSCLES
|
chirurgie
réglée |
12
- 18 g |
300
- 400 g |
infection
|
15
- 25 g |
300
- 800 g |
polytraumatisé
|
20
- 30 g |
600
- 900 g |
- Conséquence
hormonale d'une insuffisance d'apport :
- Défaut de
synthèse hormonale : entraîne hypothyroïdie,
aménorrhée
- Défaut de
synthèse d'enzymes protéiques
IV - Besoins et apports :
IV.1) Dépenses Energétique de Repos (DER) :
- 30 à 40 Kcal/j
évaluer selon la calorimétrie indirecte et l'équation
de Harris et Bénédict
- homme ==> DER =
65,5 + (13,7 X P ) + ( 5 X 4 ) - ( 6,8 X A )
- femme ==> DER =
65,5 + ( 9,6 X P ) + ( 1,8 X 4 ) - ( 4,7 X A )
P = poids en kg A = âge
en année
- DER augmentée =
agression
- DER +
10-20% : chirurgie non compliquée
- DER +
30-60% : sepsis, polytraumatisé
- DER +
50-80% : brûlure, pancréatite, infection
sévère
- DER diminuée :
dénutrition
- Cancérologie
: DER - 30 à + 20 %
IV.2) Besoins physiologiques :
les
calories |
APPORT
DE BASE chez le sujet sain |
AZOTE
|
EAU
|
ADULTE
|
30
à 40 kcal/kg/j |
0,25
g/kg/j chez adulte sain 0,16 g/kg/j chez adulte
sédentaire
|
25
à 35 ml/kg/j |
ENFANT
|
50
kcal/kg/j |
0,4
g/kg/j |
80
ml/kg/j |
NOURRISSON
|
100
kcal/kg/j |
0,6
g/kg/j |
120
ml/kg/j |
les oligo-éléments
: cuivre, fluor, fer, iode, manganèse, zinc, sélénium
les vitamines : 9
hydrosolubles (B, C, PP, folates), 4 liposolubles (A, D, E, K)
eau : 25 - 35
ml/kg/j (adulte), 80 ml/kg/j (enfant), 120 ml/kg/j (nourrisson).
Augmentation des besoins si hyperthermie, diarrhées, ventilation
contrôlée,...
ELECTROLYTE
|
besoin
de base |
catabolisme
sévère |
enfant
|
Na
|
1
|
2/3
|
1/5
|
K
|
0,8
|
2/4
|
2/5
|
Ca
|
0,1
|
0,2/0,4
|
0,5/1
|
Mg
|
0,04
|
0,2/0,4
|
0,1/0,5
|
Cl
|
1,5
|
2/4
|
1,8/3,7
|
P
|
0,1
|
0,3/0,6
|
|
V - Indication de la nutrition
artificielle :
V. a) En pré-opératoire :
- Rare, patient très
sévèrement dénutri avec perte de poids = 20% avec une
réanimation d'au moins 8 jours (retard de
la chirurgie ?)
- Intervention
chirurgicale majeure (exemple : cancer oesophage)
- 30 cal/kg/j
- 200 mg azote/kg/j
V. b) En post-opératoire :
- Rare
- Après une
nutrition pré-opératoire
- Dénutrition
sévère après une chirurgie majeure, pas de nutrition
pré-op
- Réalimentation
impossible dans un délais d'une semaine après
l'intervention
- Complications
post-opératoires sévères
V. c) Mode de nutrition :
- Utilisés seuls
ou associés :
- voie orale
la plus physiologique
- voie
entérale : court circuite bouche - oesophage -
estomac
- voie
parentérale quand on veut un court-circuit du
tube digestif
- voie
centrale
- voie
périphérique
- voie
naso-oesophagienne
- voie
transpharyngienne
- gastrostomie
- jéjunostomie
VI - Nutrition parentérale en pratique
:
VI.1) Définition :
- Apport de substrat
par voie veineuse périphérique ou centrale.
VI.2) Indications :
- Courte durée
:
- mise au
repos du tube digestif
- attente de
reprise du transit
- complément
- état
infectieux
- pré et/ou
post-opératoire.
- Longue durée
:
- chirurgie
lourde du grêle
- syndrome de
malabsorption
- Quand
alimentation orale
- impossible
(vomissements incoercibles, entérite radique)
- contre
indication (pancréatite, diarrhée chronique)
- refusé
(anorexie)
VI.3) Voies d'administration :
- périphérique
si durée brève (moins de 2 semaines), osmolarité <
700 osmol/l, apport modéré, changement site
perfusion/48 h
- centrale si
mélange concentré, asepsie rigoureuse, durée
prolongée, surv, polyuréthane ou silicone,
tunnelisation, partie inf VCS
- Rythme :
- nutrition
parentérale continue : répartition uniforme sur
22-24 h
- nutrition
parentérale discontinue (quand nutrition
prolongée ++)
VI.4) Les solutions :
- glucidiques
:
- composition
= G5% à G50%
- posologie
= 200 à 400 g/j
- surveillance
= glucosurie, glycémie
- effets
secondaires : hyperglycémie,
augmentation production de CO2
- émulsions
lipidiques :
- composition
= tri-glycéride, phospholipides, glycérol
- chylomicron
exogène, 10% (1000 Kcal/l), 20% (2000 Kcal/l) =
mieux métabolisé
- avantage =
apport calorique élevé sous faible volume,
isotonique, avec des acides gras essentiels
- posologie
= 1 à 2 g/kg/j, 500 ml d'émultion 20% sur >
6h
- surveillance
= triglycérides, cholestérol plasmatiques
- effets
secondaires : interactions avec le système
immunitaire
- solutions
d'acides aminés :
- concentration
en azote : 6 - 30 g/l
- qualité de
l'apport azoté : pourcentage d'acides aminés
essentiels = 30% des acides aminés totaux
- 300 à 350
mg/kg/j d'azote
- rapport
calorico azoté = 150 à 200 cal pour 1g d'azote
- AA
essentiel / AA totaux = 30%
- oligo-éléments
et vitamine :
- Nonan et
Cernevit
- ils ont un
rôle cl é dans le métabolisme
intermédiaire ( cofacteurs enzymatiques,
neutralise les radicaux libres )
- flacons
séparés :
- apports
spécifiques
- mélange
personnalisé
- nombreuses
manipulations
- haut risque
septique
- coût
faible
- de moins en
moins utilisé
- mélange
ternaire = AA, glucides, lipides, mélange
binaire (AA, glucides)
- flacon de
500 à 1000ml ou en poche à volume variable (
1200 à 3000ml ) avec 1 cal/ml
- diminution
du risque septique du fait des leur préparation
- prescription
simplifié
- gain de
temps IDE
- composition
fixe.
- chiffres clés
:
- Kcal lipide
< Kcal glucidique
- 300 à 375
de glucides max / 24h
Kcal
glucidolipidique/azote = 100 à 160
PROPOSITION THERAPEUTIQUE
|
6 nutriments métabolisme de
base au repos = 30 Kcal/kg/j |
LIPIDES
|
1g
= 9 Kcal 30 à 40 % des besoins : émulsion à 20%
|
GLUCIDES
|
1g
= 4 Kcal 60 à 70 % des besoins : < 5-6 g/kg/j |
PROTIDES
|
1g
= 4 Kcal 0,6 à 1g/kg/24h |
HYDRIQUE
|
25
à 35 ml/kg/24h : adapté |
AZOTE
|
0,25
à 0,4 g/kg/24h : 200 - 300 mg/kg/j 2g d'urée = 1g d'azote =
6 g de protéines
possibilité
d'apports azotés sous forme de protéines
|
vitamines
|
|
oligo-éléments
|
|
électrolytes
|
|
apport
hydrique |
adapté
|
VI.5) Surveillance :
- tolérance
clinique (oedème, poids,...)
- tolérance
biologique (iono, glycémie, urée, triglycéride)
- nutritionnel
:
- cholestérol,
tri-glycéride, protéines plasmatiques de ½ vie
brève
- poids
- pli cutané
- force
musculaire
- bilan
azoté
VI.6) Risques :
- Mécaniques
:
- Thrombotiques
:
- difficile
en voie centrale
- Infectieux :
- d'où
manipulation rigoureuses
- protocoles
écrits et adaptés
VII - Alimentation entérale et sa
pratique :
Quand le tube digestif fonctionne, utilisons-le
!!
VII.1) Définition :
- C'est une thérapie
de substitution de l'alimentation orale ; permet de
réaliser un apport nutritionnel par sonde directement
dans l'un des sites suivant : estomac, duodénum,
jéjunum.
- indications
= pathologie extra digestive ( anorexie, brûlé,
polytraumatisé, hypercatabolisme )
pathologie digestive (
en pré et post-opératoire )
- voies d'administration =
nasogastrique, nasoduodénale, nasojéjunale,
gastrostomie, jéjunostomie
- CI =
trouble de la déglutition, oesophagectomie,
gastrectomie, fistule gastroduodénale, pancréatite
aiguë
VII.2) Notions physiologiques :
- carrefour duodéno
biliopancréatique = rôle primordial dans le processus
de dégradation
- grêle ==>
jéjunum = absorption
- iléon =
suppléance partielle
- colon = absorption
eau
- la nutrition va
modifierle transit par modification des sécrétions
exocrine, le ralentir et la capacité d'absorption sera
maximale sur le grêle sain.
VII.3) Caractéristiques nécessaires d'une nutrition
entérale :
- ph = 7 à 7,6
- osmolarité doit
être physiologique : 300-1000 mOsmol
- germes < 200 000
à l'exclusion des germes pathogènes
- la viscosité est
augmenté par le tapioca
VII.4) Alimentation à faible débit continu :
- instillation digestive automatique
- débit stable réglable
- éviter tout risque de contamination lors
de l'instillation
- pompe à galets pour mélanges industriels
- pompes réfrigérées avec agitateur pour
mélanges mixés
VII.5) Les mélanges industriels :
- nutriment
polymérique, semi-élémentaire (oligomérique),
élémentaire (monomérique)
- produits = complet
(3 types de nutriments), modulaire (un seul)
- Diète
polymérique :
- avantage =
complète, prête à l'emploi, bien tolérée,
simple d'emploi
- indication
= grêle fonctionnel sain, anatomiquement > 50
% de la longueur (1,5 à 2 m)
- exemple =
Sondalis, Realmentyl
- Diète
semi-élémentaire :
- avantage =
meilleur absorption protéique, osmolarité
satisfaisante
- inconvénient
= coût plus élevé, pas de fibre
- indication
= grêle court, pathologie inflammatoire du
grêle, grêle radique, insuffisance
pancréatique grave
- exemple =
Réabilan (HN)
- Diète
élémentaire :
- avantage =
absorption proximale (150 cm), diminution du
transit et de la vidange gastrique, grande
fluidité
- inconvénient
= forte osmolarité ==> tolérance???, régime
déséquilibré (carence en lipides)
- indications
= régime sans résidu strict, maladie de Crohn
résistante
- exemple =
vivonex, entéronutril
VII.6) Supplémentation orale :
- hypercalorique : >
1 cal/ml
- hyperprotidique
- goût sucré/salé
- acceptabilité
variable
- aliments mixés
type " petits pots "
- donner au malade ce
qu'il désire
VII.7) Sites :
- gastrique,
gastrostomie si possible
- jéjunal par
jéjunostomie si contre-indications de la voie gastrique
:
- oesophagectomie
ou gastrectomie
- fistule
gastroduodénale
- trouble
déglutition chez malade alité, allongé (risque
reflux +++ ?)
- pancréatite
aiguë
VII.8) Sondes :
- élastomère de
silicone ou polyuréthane, éviter PVC
- diamètre : CH 10
à 16
- longueur : 90-120
cm
- lestée
- oeillets terminaux
et latéraux
VII.9) Contre - indications :
- occlusion
intestinale
- suture intestinale
récente
- grêle restant <
40cm
- trouble de la
conscience (pour le site gastrique)
VII.10) Complications :
- Mécanique
:
- sonde
naso-gastrique : sinusite, oesophagite par reflux
- gastrostomie,
jéjunostomie de WITZEL
- volvulus
de l'anse 1%
- péritonite
1%
- obturation
de la sonde=> contrôle fréquent
- inhalation
pulmonaire : respect des CI
- Nausée,
vomissements :
- contrôler
position de la sonde !!! (enroulement dans
bouche,...)
- osmolarité
élevée => dilution et augmentation
progressive de la concentration
- débit
élevé => diminution du débit
- intolérance
au lactose => diète sans lactose
- apport
excessif en graisse => lipides < 40%
- Diarrhée
:
- le plus
souvent : erreur technique :
- débit
trop rapide
- quantité
prescrite trop importante
- osmol
élevée
- rarement
une infection
- exceptionnellement
une intolérance au lactose.
- parfois
révélateur d'une anomalie abdominale sous
jacente (occlusion)