II - Mécanique ventilatoire :
2.1) Le Poumon :
2.1.a) Propriétés élastiques du poumon
- Notion de compliance :
- Le poumon d'un point de vue mécanique
est un ressort pour lequel il existe une relation entre force
exercée (pression) et déplacement (volume).
- Compliance :
C=V / P.
- A une variation de volume correspond une variation
de Pression. La pente courbe pression volume, ou variation de
volume par unité de variation de pression définit
la compliance. Celle-ci mesure la facilité avec
laquelle le poumon change de volume.
Courbe pression volume
- Notions Générales
:
- Compliance pulmonaire
: se définit comme la variation de volume pulmonaire observée
pour une variation de pression d'une unité. Elle renseigne
sur la résistance à l'expansion du tissu pulmonaire ;
elle est d'autant plus faible que la résistance est grande.
L'unité est le CmH2O.
- La figure " Courbe pression volume "
montre que les courbes suivies par le poumon à l'inspiration
et l'expiration ne sont différentes : ce comportement définit
l'Hystérésis.
- Notion de stabilité Pulmonaire
: Le poumon peut être considéré comme un ensemble
de 300 millions d'alvéoles, bulles d'air par définition
structure instable. En raison de la tension superficielle du liquide
tapissant les alvéoles, des forces relativement importantes
se développent et tendent à le collaber (tension
superficielle = force qui s'exerce sur un segment de la surface
d'un liquide). Heureusement, quelques cellules de la paroi alvéolaire
sécrètent une substance, le surfactant, qui
abaisse très fortement la tension superficielle, en
conséquence la stabilité des alvéoles est
considérablement augmentée, bien qu'un collapsus
des petites unités périphériques soit toujours
un problème potentiel et survienne fréquemment en
pathologie.
En A, la tension de surface est la force
en dynes agissant de part et d'autre d'une ligne imaginaire de
1 cm de long dans la couche de surface du liquide.
En B, les forces de surfaces dans une bulle de
savon tendent à réduire cette surface et engendrent
une pression à l'intérieur de la bulle.
En C, les petites bulles se vident dans les grosses
et les distendent, parce que leur pression interne est plus grande.
Comparaison des courbes pression-volume
avec des poumons contenant soit une solution saline soit de l'air.
Le poumon gonflé avec la solution saline
à une compliance plus élevée et une hystérisis
moins marquée que le poumon gonflé d'air.
Neergaard a montré que des poumons gonflés
avec une solution saline avaient une compliance beaucoup plus
grande que des poumons remplis d'air puisque la solution saline
abolit la tension superficielle mais n'affecte pas les forces
tissulaires du poumon. Cette notion signifie que la tension superficielle
représente une part importante de la force de rétraction
du poumon.
- Mise en évidence du surfactant
:
La balance de surface, constituée
d'un plateau contenant un sérum salé la surface
de laquelle on dépose du matériel tensioactif. Une
cloison mobile étire et comprime de manière alternatif
l'étendue de la surface pendant que l'on mesure la tension
superficielle par la force exercée sur la lamelle de platine
immergée. Une solution saline pure donne une tension de
surface de 70 dyn/cm quelque soit la surface, alors que l'adjonction
du liquide de lavage pulmonaire diminue la tension superficielle,
remarquons que cette tension varie avec la surface, et qu'elle
atteint des valeurs très basse lorsque la surface est petite,
d'autre part qu'il existe un Hystérésis.
- Propriétés du surfactant :
- fabriqué par cellules du type II des alvéoles
- formé relativement tard dans la vie foetale
d'où la détresse respiratoire du prématuré
- riche en DPPC (dipalmitoyl-phosphatidyl-choline),
phospholipide synthétisé à partir d'acides
gras
- possède un pole hydrophobe et hydrophile
=> forme un film
- modifie la tension superficielle
- Rôle du surfactant
:
- diminue la tension superficielle
- augmente la compliance pulmonaire
- diminue le travail inspiratoire
- stabilise les alvéoles et facilite les
échanges
- prévient les oedèmes interstitiels
alvéolaires.
Du fait de la tension superficielle, les alvéoles ont tendances
à se resserrer les unes aux autres, se faisant elle tirent
sur les vaisseaux avoisinant attirant leurs contenu d'où
la survenu d'oedèmes et la gêne aux échanges.
2.2) La cage thoracique :
- Véritable soufflet mécanique, élastique.
- Inspiration :
- Phénomène actif
réalisé essentiellement par le diaphragme :
- muscle moteur de l'inspiration
- disposé en dôme inséré
sur les côtes inférieures
- forme concave au repos
- commandé par le nerf phrénique
qui vient des segments cervicaux C3 C4 C5.
- sa contraction refoule le contenu abdominal vers
le bas et l'avant et augmente le diamètre transversal du
thorax (écarte les côtes)
A l'inspiration la coupole diaphragmatique
se contracte, le contenu abdominal est refoulé en bas et
en avant, les côtes sont relevées. A l'expiration,
les muscles abdominaux se contractent et refoule le diaphragme
en haut
.
- Les intercostaux externes inclinés en
bas et en dehors augmente le diamètre transversal et antéropostérieur
du thorax par projection des cotes vers le haut et vers l'avant.
Les intercostaux internes ont l'action opposée.
Lorsque les muscles intercostaux externes
se contractent, les côtes sont poussées vers l'avant
et l'extérieur, et pivotent, augmentant ainsi les diamètres
antéropostérieurs du thorax.
- Les muscles accessoires de l'inspiration comprennent :
- les scalénes : élèvent
les deux premières côtes,
- le sternocléidomastoidien : élève
le sternum.
- Ces muscles ne sont mobilisés que pour
l'effort.
- Expiration :
- phénomène passif
, correspond au retour à la position d'équilibre
de la paroi thoracique par nature élastique. Seule, l'effort
mobilise des muscles tel que grand droit, transverses et obliques
de la paroi abdominale (toux, vomissement, défécation),
et les intercostaux internes attirant les cotes vers le bas et
en dedans.
2.3) La plèvre :
- C'est le moteur car elle transmet les différences
de pressions de la cage thoracique au poumon. C'est un espace
virtuel de glissement.
- Il existe une pression négative au niveau
de la plèvre =>
- accolement des deux feuillets
- tire le poumon pour le coller contre la cage
thoracique
- Le poumon ne fait que suivre le mouvement de
la cage thoracique car la plèvre existe
2.3.a) Transmission des différences de pression :
- Pour distendre le poumon, il faut une pression
de 5 à 10 cmH2O.
- L'effet du pneumothorax :
la tendance du poumon à se rétracter est contrebalancé
par la tendance à la cage thoracique à se détendre.
Si l'on introduit de l'air dans l'espace interpleural, élevant
la pression au niveau atmosphérique, le poumon se rétracte,
et la paroi thoracique se détend.
La tendance du poumon à se rétracter
à son volume minimal est contrebalancé par la tendance
de la cage thoracique à se détendre. Par suite,
la pression intrapleurale est infra-atmosphérique.
- Un PNO permet au poumon de se collaber et au
thorax de se distendre.
2.3.b) Corrélation pression pleurale et respiration
:
Courbe de relaxation pression volume du
poumon et de la paroi thoracique
2.3.c) Différences régionales de ventilation
:
- La pression d'un liquide est fonction de sa hauteur.
La pression sera plus importante en haut qu'en bas. Pour la pression
pleurale il en est de même. Cette pression varie du fait
de l'orthostatisme car le poumon pèse plus lourd à
la base qu'au sommet. Or, comme tout objet soutenu, il nécessite
pour contrebalancer son poids une pression plus grande en dessous
qu'au-dessus. Ainsi, la pression à la basse sera supérieure
à la pression au sommet. A la base, une faible variation
de pression entraîne une forte variation de volume.
- La base ventile mieux que le sommet :
Explication
des différences régionales de ventilation de haut
en bas du poumon. Du fait du poids du poumon, la pression intrapleurale
est moins négative à la base qu'à l'apex.
Par conséquent la base est relativement comprimée,
à son état de repos, mais se gonfle mieux à
l'inspiration que la région apicale.
2.3.D) Volume de fermeture :
- Volume du poumon pour lequel les bronchioles
terminales de la base se ferment, quand le poumon ne tire plus
assez pour les garder ouvertes.
- La région comprimée du poumon à
la base n'est pas totalement vidée de son gaz.
- En pratique, de petites voies aériennes,
dans la région des bronchioles respiratoires se ferment
en premier, piégeant ainsi les gaz des alvéoles
distaux.
- Cette fermeture survient chez les sujets normaux
et jeunes à très bas volumes seulement.
- Chez le sujet âgé, le poumon
perdant une partie de sa rétraction élastique, la
fermeture des voies aériennes survient pour des volumes
plus importants pouvant empiéter sur la CRF. De ce fait
les portions de poumon correspondantes peuvent être que
ventilées de façon intermittente, et ceci perturbe
les échanges gazeux. Idem pour les maladies pulmonaires
chroniques (amiante, tabac,...).
Situation
à très bas volume pulmonaire (volume résiduel) :
Dans ce cas, les pressions intrapleurales sont moins négatives,
et la pression à la base dépasse celles des voies
aériennes (pression atmosphérique). De se fait,
une fermeture des voies aériennes se produit dans cette
région, et le gaz ne peut pas pénétrer si
le volume inspiré est trop petit.
La courbe de compliance est déplacée
vers la droite. La pression pleurale n'est plus suffisante pour
ouvrir les alvéoles. Physiologiquement le volume de fermeture
est inférieur à la CRF.
2.4) Les résistances
:
2.4.a) Les résistances aériennes :
- Difficulté qu'a un liquide gazeux à
s'écouler.
- Types d'écoulement :
- laminaire :
- parallèle à la trachée,
par exemple.
- plus la bronche est fine, plus la résistance
à l'écoulement est importante
- turbulent :
- " tourbillons "
- la résistance à l'avancement est
considérable
- l'air passe difficilement par rapport à
l'écoulement laminaire
- transitionnel :
- écoulement laminaire + quelques tourbillons
- Résistance importante aux premières
divisions bronchiques car la vitesse est élevée
- Dès les bronchioles segmentaires, la vitesse
diminue, la résistance diminue, les échanges sont
facilités
Modèle de flux gazeux dans des
tubes
A laminaire ; B transitionnel ; C turbulent
En pratique le nombre de reynolds Re détermine le type
de flux laminaire ou turbulent.
Re =densité*vélocité*diamétre/viscosité
si Re petit = flux laminaire
si Re grand = flux turbulent
Type d'écoulement prédominants :
bronchiole terminale = écoulement laminaire, la vitesse
est quasi nulle, les résistances réduites, il y
aura facilitation des échanges.
trachée idem sauf si inspiration forcée (= turbulence+++)
- Facteurs modifiants les résistances
:
- le volume pulmonaire
- les muscles lisses de la paroi des bronches (Ach
collabent,, B+ dilate)
- la densité des gaz aspirés
- la viscosité des gaz aspirés (exemple
de l'hélium qui modifie la viscosité donc diminue
les résistances)
- Sites principal de la résistance des
voies aériennes :
- l'essentiel de résistances se localisent
jusqu'à la 7ème génération
Localisation du siège principal
de la résistance des voies aériennes
Rem : les bronches de calibres intermédiaire
contribuent à la majeure partie de la résistance
et que seule une petite partie de la résistance est située
dans les très petites voies aériennes.
2.4.b) Les résistances tissulaires :
- = mobilisation des tissus (forces visqueuses)
- Négligeables, ne représentent que
20% des résistances totales.
2.5) Notion de travail respiratoire
:
- Rendement = [travail utile/énergie totale
dépensée] x 100
Energie totale dépensée = coût en O2
- Ce rendement est estimé à 5 - 10%
au repos
- 30 % de la consommation en O2 lors
de l'effort est réservé à la respiration.
III - Epreuves fonctionnelles Respiratoires