LE CHOC HEMORRAGIQUE
Etat de choc hémorragique.
Hypoperfusion tissulaire aiguë par diminution de la masse sanguine circulante (> 40 %), entraînant une inadéquation entre les apports et les besoins cellulaires en oxygène.
Mortalité élevée si pas reconnu ou sous-estimé.
Pronostic fonction de la durée et de la gravité du choc.
Importance de la RAPIDITE du diagnostic et de la mise en route du
traitement.
Objectif : maintien de la perfusion des organes nobles
:
- cerveau : confusion, somnolence, désorientation
- coeur : => souffrance myocardique ischémique
Territoire non protégés :
- rein : insuffisance rénale aiguë quand prolongé
- circulation hépato-splanchnique (tube digestif) : relargage de
substances toxiques
- musculo-cutanés : MARBRURES = témoin clinique d'une
souffrance tissulaire
En l'absence de traitement :
- hypoxie tissulaire => lésions cellulaires avec relargage de
substances nocives
- acidose (métabolisme anaérobie) => agravation de
l'ensemble de l'organisme
3 phases au choc hémorragique :
- le choc compensé : contrebalancement de l'hypoperfusion par
des mécanismes adaptatifs
- le choc non compensé : cercle vicieux
- le choc irréversible : défaillance multiviscérale = 100 % de
mortalité
- réduction du retour veineux (= baisse du débit cardiaque)
- effondrement des pressions de remplissage
- baisse du débit cardiaque
Mécanismes compensateurs :
- système baroréflexe :
- augmentation FC
- augmentation résistances artérielles
- réponse du SNC (réactions adrénergiques) :
- augmentation FC
- augmentation résistances artérielles
- sécrétion d'angiotensine, de rénine, d'aldostérone et d'arginine-vasopressine (=ADH) :
=> reconstitution du volume plasmatique : transferts liquidiens, réabsorption d'eau et de sel.
ATTENTION : la baisse de la tachycardie ou une bradycardie paradoxale lors d'une hémorragie constitue un signe imminent de collapsus circulatoire imposant un remplissage vasculaire rapide de toute urgence.
=> cercle vicieux :
- séquestration sanguine périphérique
- aggravation hémodynamique (le DC est encore diminué)
- lésions tissulaires
- aggravation des lésions initiales lors de la réoxygénation ( car " ischémie de reperfusion ")
100 % de mortalité.
Dépression myocardique.
Perte des réserves énergétiques.
CIVD
Dette majeure en O2.
Défaillance multiviscérale.
Facile :
- soif (bon signe, très précoce)
- pâleurs des téguments
- marbrures des genoux
- sueurs froides (système adrénergique)
- agitation )
- angoisse ) car mauvaise perfusion du cerveau
- confusion )
- polypnée (mécanisme compensateur dû à la diminution des transporteurs d'O2)
- pouls rapide et filant
- baisse PA avec pincement de la différentielle :
- diastolique maintenue (reflète les résistances veineuse, la vasoconstriction)
- systolique diminuée (reflet de l'onde de choc du sang éjecté par le coeur)
- collapsus
- oligurie
- anurie (malade sondé)
Dgn facile mais :
- hypovolémie souvent sous-estimée
- tableau évident pour pertes > 25-40 %
- PA : ne constitue pas un paramètre de sévérité, son maintien ne doit pas faussement rassurer
- attention au ralentissement de la FC en l'absence de traitement ou à une bradycardie paradoxale = DANGER MAXIMUM DE COLLAPSUS.
- circonstances de survenue ( traumatisme, bloc opératoire)
- antécédents (cirrhose avec varices oesophagiennes, ulcère,
début de grossesse avec GEU)
- prise de médicaments (aspirine, anticoagulants avec AVK,...)
- saignement extériorié (facile !) :
- saignement non extériorisé : difficile... Localisation avec examens complémentaires (échographie, scanner, endoscopie, opacifications vasculaires) sans perdre de temps....
Au bloc opératoire : chirurgie hémorragique
* orthopédie lourde (++ avec rachis traumatique)
* hépatique (sur foie non sain (cirrhose), transplantation)
* carcinologie (gynéco +++)
* cardiaque
* vasculaire majeure
* chirurgie devenant hémorragique !!!
Elements de surveillance :
- Etat clinique :
- conscience
- évolution marbrures
- régression tachycardie
- régression polypnée
- augmentation diurèse
- Monitorage invasif PA +++ (surveillance et prélèvements)
- Monitorage invasif Swan-Ganz simple ou couplé à une SvO2 vient dans un deuxième temps en l'absence d'amélioration ou de choc sévère et/ou prolongé.
- Hémocue
- faire VITE +++
- 3 objectifs :
- but final : rétablir un apport en O2 adapté aux besoins
tissulaires.
- compression manuelle d'une artère
- suture d'un scalp
- garrot pneumatique (amputation traumatique)
- embolisation artérielle (hémoptysie, épistaxis, fracture
bassin) : radiologie interventionnelle
- sonde de Blackmore (hémorragie digestive chez le cirrhotique)
- hémostase chirurgicale
Si ces gestes ne sont pas faits rapidement, l'évolution ne peut pas être favorable.
- 2 voies veineuse PERIPHERIQUES de bon calibre (14 ou 16 G) :
court et bon calibre (permet remplissage rapide)
- utilisation d'accélérateurs de perfusion (blood pump, poche
de pression contre-manuelle, Jouvelet-réchauffeur)
- pas de cathéters centraux dans territoire cave supérieur
(délai mise en place, complication avec embolie gazeue ou PNO ou
ponction artère, calibre insuffisant des cathéters standards). Seules
exceptions :
* plaie veine inf
* fracture bassin
* plaie du foie
Si vraiment nécessaire, voie de l'urgence = voie fémorale (facile, rapide et peu de complications), avec Cordis (8,5 F) ou Désilet (8 - 10 F).
- prélever du sang pour :
REM : complication graves de l'abord veineux centrale :
* sous clavier : hémothorax, hydrothorax, hydromédiastin, plaie artérielle, hémorragie au point de ponction, embolie gazeuse, perte du cathéter.
* fémoral : infection, thrombo-embolie, plaie artérielle, fistule AV, hématome rétropéritonéal, ischémie membre inférieur
Stratégie de l'abord veineux en cas d'hypovolémie sévère :
- 2 ou plusieurs cathéters périphériques 14 ou 16 G
- si impossible (en moins de 3 min) ou insuffisant :
Désilet fémoral 8 ou 10 F
- si impossible (en moins de 3 min) ou insuffisant :
Désilet 7 F ou Cordis 8,5 F jugulaire interne ou sous-clavier.
Le remplissage vasculaire :
- les moyens mécaniques :
- les solutés :
Solutés | Expansion volémique | Durée d'action | Avantages | Inconvénients |
Cristalloïdes - sérum
salé à 0,9 % |
25 % |
< 1 h |
- faible coût - pas d'allergie
|
- volume perfusé important avec risque
oedème tissulaire |
Gélatine - Plasmion |
80 - 100 % |
3 - 4 h |
- peu d'effet sur hémostase |
- ALLERGIE - efficacité modest par rapport aux HEA |
HEA - Elohès |
150 % |
12 - 24 h |
- véritable effet expandeur - durée de vie |
- allergie - quantité limitée à 33 ml/kg/j - perturbation hémostase |
En évaluation : solutés salés hypertonique (sérum salé à 7,5 %) : avec faible volume perfusé, permettent expansion volémique avec d'autres propriétés telle l'augmentation de la contractilité myocardique)
Stratégie de compensation des pertes :
- < 100 %de perte (= 1 masse sanguine) :
pour obtenir hématocrite > 25 - 30 %
- > 100 % de pertes :
- > 150 % :
Traiter les conséquences de la polytransfusion :
- hypothermie
- anomalies hémostase
- dyskaliémie
- hypocalcémie ( trouble rythme, pb hémostase)
L'utilisation des inhibiteurs de la fibrinolyse (aprotinine) est fonction des résultats de l'hémostase.
Respect de la sécurité transfusionnelle même dans l'urgence ! avec hémovigilance et traçabilité
- extrême urgence : CG O nég
- urgence : O pour O et B, A pour A et AB
- si " un peu de temps " : transfusion
isogroupe
- autotransfusion en pré-hospitalier pour les hémothorax
- péri-opératoire : cell-saver +++
Utilisation des catécholamines (dopamine, adrénaline, noradrénaline) :
- phase initiale :
- phase tardive :
Autres mesures :
surveillance continue de :
- simple sonde nasale
- IOT pour ventilation contrôlée +++
- mise en place sonde gastrique : vider estomac pour diminuer
risque inhalation
- transfert en unité de réanimation
Accidents mortels lors de l'induction anesthésique de
patients hypovolémiques.
Réduction des doses de médicaments par rapports aux schémas
posologiques habituels.
Injections fractionnée : titration +++
Anesthésie doit quand même être faite !!
Préalable + traitement du choc.
Choix des anesthésiques généraux :
- Kétamine
- Etomidate
- curares : Célocurine +++
- entretien : attention aux hallogénés, préférer les morphiniques.
Prudence avec l'association des morphiniques et des anesthésiques.
Monitorage de la PA !!
Surtout pas d'ALR !!!!