Evaluation
de la douleur
- Douleur aiguë :
- fonction d'alarme
- système de défense et de
protection de l'organisme
- Douleur chronique : durée > 3-6
mois
- Caractéristiques de la douleur :
|
Douleur aiguë |
Douleur chronique |
Finalité biologique |
utile |
inutile, destructrice |
Origine |
unifactorielle |
plurifactorielle |
Composante affective |
anxiété |
dépression |
Comportement |
réactionnel |
renforcé |
Objectif thérapeutique |
curatif |
réadaptatif |
I - Définition :
- Expérience sensorielle et émotionnelle
désagréable associée à un dommage tissulaire réel ou
potentiel ou décrite en terme d'un tel dommage.
I.1) Composante sensori-discriminative :
- Mécanisme neuro-physiologique
aboutissant au décodage de la douleur :
- qualité : torsion, étau,
brûlure
- intensité, durée, évolution
: crise paroxystique ou bruit de fond permanent
- localisation du message
nociceptif
I.2) Composante affectivo-émotionnelle :
- Confère à la douleur sa tonalité
désagréable, pénible voire insupportable
- Peut se prolonger vers des états
émotionnels plus difficiles : anxiété ou dépression
I.3) Composante cognitive :
- Ensemble des processus mentaux capables
d'influencer la perception de la douleur et des
comportements qu'elle induit. Expérience de Beecher
(consommation de morphine différentes entre les blessés
civiles et les blessés militaires).
I.4) Composante comportementale :
- Ensemble des manifestations verbales ou
non verbales observables chez un patient douloureux :
plainte, gémissements, position antalgique
- Assure une fonction de communication avec
l'entourage
II - Objectifs d'évaluation de la
douleur :
- Reconnaissance de la douleur pour adapter
le traitement
- Contrôle de l'intensité de la douleur et
ses fluctuations
- Contrôle de l'efficacité du traitement
- Prévenir et/ou dépistage des effets
secondaires liés au traitement
III - Douleur = phénomène
pluridimensionnel, complexe
- Dépasse très largement la seule
nociception
- Dépend des facteurs sociaux, culturels,
familiaux, individuels
- Pas de corrélation entre l'importance de
la lésion tissulaire et l'intensité de la douleur
ressentie
- Absence de concordance anatomo-clinique
- Placebo-sensibilité
- Pas de loi du " tout ou
rien ", mais degré d'amélioration
- Absence de marqueurs neuro-biologiques de
la douleur
- Nécessité d'évaluation de la douleur
répétée car variabilité interindividuelle dans les
besoins de morphine
IV - Facteurs influençant la douleur :
IV.1) Rôle de l'anxiété :
- Information du patient importante en
pré-op pour diminution de la douleur
- Diminution de l'appréhension
- Augmentation de la tolérance à la
douleur
IV.2) Personnalité :
- Expériences douloureuses antérieures
- Interprétations différentes en fonction
du contexte
- Facteurs ethniques, culturels et religieux
V - Incidence de la douleur
post-opératoire :
- Mal connue : 5 à 20% des patients
ne souffrent pas
- Défaut d'analgésie lié à :
- sous-estimation de la dose
efficace
- surestimation de la durée
d'action des morphiniques
- surestimation des dangers de
dépendance aux opiacés
- Nécessité des échelles d'évaluation
les plus objectives possibles pour décrypter la douleur
VI - Comment évaluer ?
VI.1) Méthode d'auto-évaluation :
- Unidimensionnelle
- Le patient évalue sa douleur
- Aspect quantitatif de la douleur :
- Echelle Verbale Simple (EVS)
:
- échelle catégorielle en
4 points
- 0 = douleur
absente
- 1 = douleur faible
- 2 = douleur
intense
- 3 = douleur très
intense
- peu sensible car peu
discriminante
- demande peu de
coopération du patient
- Echelle Numérique (EN) :
- construite en 101 points :
- 0 = douleur
absente
- 100 = douleur
maximum imaginable
- simple, plus discriminante
- facilement comprise par le
patient
- Echelle Visuelle Analogique
(EVA) :
- 11% ne savent pas s'en
servir
- la plus utilisée, la plus
sensible
- horizontale >
verticale, ligne droite de 100 mm
- discriminant à chaque
extrémité :
- gauche : absence
de douleur
- droite : douleur
intolérable ou maximum
supportable
- Aspect qualitatif et quantitatif :
- Echelles multidimensionnelles :
QDSA (Questionnaire de la Douleur de St Antoine)
ou MPQ :
- apport qualitatif et
quantitatif
- discrimine les
différentes composantes de la douleur :
- sensori-discriminative
- affectivo-émotionnelle
- constance dans le choix
des mots
- bonne corrélation entre
EVA, EN et QDSA
- surtout pour les douleurs
chroniques
- Conclusion :
- Evaluation de la douleur en
post-opératoire : échelle unidimensionnelle.
Préférer l'échelle choisie par le patient en
consultation d'anesthésie
- Si possible, choisir l'EVA, plus
fidèle, plus sensible et reproductible
VI.2) Méthode d'hétéro-évaluation :
- Evaluation par l'observateur
- Intérêt si patient :
- trop jeune
- trop âgé
- mal réveillé
- ou handicapé
- Mesure du retentissement de la douleur
sur :
- le comportement
- les constantes physiologiques
VI.2.A) Echelle comportementale :
- Niveau 1 : Patient calme, sans
expression verbale ou comportementale de la douleur
- Niveau 2 : Patient exprime sa
douleur verbalement ou par son comportement
- Niveau 3 : Manifestations extrêmes
de la douleur par des cris, des pleurs, une agitation
majeure ou immobilité et prostration +++
VI.2.B) Etude de la consommation en antalgiques :
- Mesure indirecte de la sévérité de
la douleur à condition de faire la part de ce qui
revient :
- au comportement douloureux
spontané
- au mode de prescription
- à la personnalité du patient
VI.2.C) Titration IV :
- Recherche de la concentration plasmatique
minimale efficace de morphine pour laquelle la douleur
est calmée
VI.2.D) PCA :
- Evaluation du rapport du nombre de bolus
demandés sur le nombre de bolus reçus.
VI.2.E) Paramètres physiologiques et biologiques :
- Pouls, TA, fréquence respiratoire,
sudation : peu spécifique à la douleur
- Dosage du cortisol, des catécholamines,
des béta endorphines plasmatiques
- Non spécifiques de la douleur
VII - Evaluation des effets secondaires
:
VII.1) Echelle de sédation :
- S0 : Patient éveillé
- S1 : Patient somnolent par
intermittence facilement éveillable
- S2 : Patient somnolent la plupart
du temps éveillable par stimulation verbales
- S3 : Patient somnolent la plupart
du temps éveillable par stimulation tactile
VII.2) Echelle de la respiration : Qualité
- R0 : Respiration régulière sans
problème avec FR > 10
- R1 : Ronflements avec FR > 10
- R2 : Respiration irrégulière,
obstructrice, tirage ou FR < 10
- R3 : Pauses, apnée
VIII - Evaluation :
VIII.1) Comment évaluer ?
- DPO (Douleur Post Opératoire) :
rechercher une complication post-opératoire
- Efficacité du traitement antalgique
- Pourcentage de soulagement
- Effets secondaires des traitements
- Eventuelles complications du traitement
VIII.2) Quand évaluer la DPO ?
- A la consultation d'anesthésie,
informations concernant la douleur post-opératoire
- Dès la sortie du bloc, quand le patient
est réveillé
- Toutes les 4 heures systématiquement
- ET une heure après chaque changement de
thérapeutique ou de seringue
- Au repos et lors de mobilisation, lors de
soins +++
IX - En pratique :
- Toujours utiliser la même échelle
- Recueil écrit des différentes données
- Associer EVA ou EN +/- EVS à échelle
comportementale
- Associer échelle de sédation
- Mesurer le retentissement sur la fonction
respiratoire
- En cas de discordance : réévaluation
- Patient soulagé si :
- EVA ou EN < 40
- EVS : douleur absente ou faible
- Echelle comportementale : niveau 1
X - Enfant :
- EVA dès 5 ou 6 ans
- EVS dès langage et vocabulaire adéquat
- Echelle comortementale : 1 à 5 ans
- 0 à 3 mois : score Amiel-Tison
- Chronique : DEGR
XI - Conclusion :
L'amélioration de la douleur repose sur
l'aut-évaluation, la réévaluation (douleur, traitement, effets
secondaires), l'information du patient et la formation de
l'équipe soignante.