HYPERTHERMIE
L'hyperthermie péri opératoire :
- inhabituelle (l'hypothermie est plus
attendue)
- rare : parfois, risque vital
- causes diverses : du réchauffement trop
actif à l'hyperthermie maligne
- diagnostic peut être difficile
I - Causes de l'hyperthermie :
- hyperthermie maligne
- causes septiques
- réaction aux produits sanguins
- maladies endocriniennes
- causes thermiques
- syndrome malin des neuroleptiques
- autres causes
I.A - Hyperthermie maligne :
I.A.1) Généralités :
- hypercatabolisme paroxystique des
muscles striés
- myopathie infraclinique
génétiquement déterminées
- induite par agents anesthésiques
:
- halogénés
- +/- succinylcholine
- fréquence : 1/200.000 des
anesthésies
- pronostic redoutable : 3% de
décès
- traitement spécifique :
Dantrolène
I.A.2) Physiopathologie :
- contraction musculaire normale :
- stimulation plaque motrice
potentiel d'action
- libération du Calcium du
réticulum sarcoplasmique (RS) dans le
canal calcique (couplé au récepteur à
ryanodine)
- contraction musculaire
(actine, myosine), la force de
contraction dépend de la quantité de
Calcium libérée. Consommation
d'ATP+production de chaleur
- relaxation musculaire :
recaptage du Calcium par le RS , pompe
ATPase calcium-dépendante
- dans l'hyperthermie maligne (HTM)
:
- libération massive de Ca
par leRS, anomalie canal calcique
- contraction musculaire :
hyperthermie, épuisement réserve ATP
- faillite des mécanismes
de recaptage du Ca, contracture
permanente
- tous les mécanismes ATP
dépendants sont altérés, augmentation
perméabilité membranaire, fuite
lactates, H+; K+; CPK, myoglobine
I.A.3) Génétique :
- maladie familiale : anomalie
génétique
- tous les parents consanguins
peuvent être atteints
- pas de tests génétiques simples
car association à d'autres maladies génétiques
- l'expression de la maladie peut
varier dans la famille
I.A.4) Aspects cliniques :
- Acidose respiratoire :
- hypercapnie
- augmentation PetCO2 : >
45 mmHg, brutale
- signe le plus sensible, le
plus spécifique et le plus précoce de
la crise d'HTM
- PaCO2>50mmHg sur les
gaz du sang
- tachypnée inexpliquée
quand VS
- Hyperthermie : peut tuer !!!!
- signe tardif
- la progression peut être
rapide : + 1°C/5 min
- >40°C = urgence
thérapeutique car mort des cellules
- Rigidité musculaire :
- quasi pathognomonique
- tous les muscles
- VC très difficile, même
avec curarisation
- spasme des masséters :
- impossibilité
d'intuber
- doit être
considéré comme HTM débutante
- Dantrolène, test
susceptibilité
- Rhabdomyolyse :
- obligatoire pour porter
dgn d'HTM
- destruction cellules
musculaires
- grande augmentation CPK
(normale : 5-50 UI/l)
- dosage CPK à J0, J1, J2
si préemption d'HTM :
- > 10.000 UI
après Célocurine
- > 5.000 UI sans
Célocurine
- myoglobinémie,
myoglobinurie (urines foncées)
- hyperkaliémie
- Signes cardiaques :
- très précoces
- très peu spécifiques
- tachycardie sinusale
jusqu'à arythmie ventriculaire due à
acidose et hyperkaliémie
I.A.5) Formes cliniques :
- Forme fulminante : devenue rare
(grâce à enseignement, monitorage, ttt,...)
- hyperthermie à 41°C
- rigidité musculaire
généralisée
- instabilité
hémodynamique
- décès +++
- aujourd'hui : dgn plus précoce
- monitorage (capno,
température)
- meilleure connaissance des
indicateurs cliniques et paracliniques
- forme la plus sévère : avec
Célocurine + halogénés
- avec halogénés seuls :
- crise moins brutale, plus
retardée
- dgn plus difficile
I.A.6) Diagnostic de sensibilité à
l'HTM :
- biopsie muscle quadriceps (AL ou
AG)
- tests dans les 5 h après biopsie
:
- test halothane
- test caféine
- => classement :
- HTM sensible (+ aux 2
tests)
- HTM insensible (- aux 2
tests) d'où risque nul
- HTM équivoque (1 test +
sur 2) : CAT = HTM sensible !
I.A.7) C.A.T. en urgence :
- arrêt agents déclenchants
- FiO2 : 100%, hyperventilation
- demander de l'aide (!)
- Dantrolène IV
- correction acidose (Bicar IV)
- correction hyperkaliémie (bicar,
insuline glucose)
- monitorage continu ECG, PetCO2,
température
- surveillance bio :
- Gaz du sang
- kaliémie
- CPK
- coagulation
- myoglobine
- maintien diurèse > 50 ml/h
(remplir, Lasilix)
- refroidir par toutes les voies
possibles
I.A.8) le Dantrolène :
- antidote HTM
- inhibe relargage Ca du RS
- action périphérique
(canal calcique ?)
- pas d'action sur
transmission neuromusculaire
- présentation :
- 20 mg en poudre
lyophilisée, à diluer dans 20 ml d'eau
- pH 9,5 => voie centrale
- posologie :
- initiale : 2,5 mg/kg
(jusqu'à 10 mg/kg)
- 175 mg/70 kg = 8
flacons...=> aide !!!
- le plus précocement possible
- relais 1 mg/kg toutes les 4 ou 12
h, IV puis per os, jusqu'à disparition des
signes musculaires
I.A.9) CAT à distance :
- affirmer susceptibilité HTM test
contracture
- information famille
- proposer test à tous les parents
consanguins
- cf. test 6°)
I.A.10) Prévention :
- proscrire halogénés, Célocurine
- circuit anesthésique sans trace
d'halogénés : rinçage avec O2, 10 l/min
pendant 5 min (jusqu'à 5 l/min pendant 8-12 h)
- utiliser autres modes
d'anesthésie (ALR,...)
- prophylaxie : discutable (IV ou
per os). Effets secondaires : vomissements,
faiblesse musculaire
I.A.11) HTM et myopathie :
- Certaines myopathies sont
associées à sensibilité HTM
- Parfois circonstance de
découverte d'une myopathie
- Myopathies à haut risque :
- central core disease
(rare)
- myopathie dystrophique de
Duchenne
- test susceptibilité HTM
indispensable
I.B - Causes septiques :
I.B.1) Etat septique
péri-opératoire :
- Bactériémie, septicémie
:
- évolution per op
hypothermie
- récurrence
post-op !
- Chirurgie, trauma
maxillo-facial : contamination flore
oropharyngée
- Manipulation organes
septiques (pyrogènes)
I.B.2) Produits sanguins
contaminés :
- 10% des décès liés à
la transfusion
- 1° cause de décès
d'origine transfusionnelle
- tout dérivé (plaquettes
+++)
- signes :
- fièvre
- tachycardie
- choc
- insuffisance
rénale aiguë
- CIVD
- dgn :
bactériologie patient, produit sanguin
- contamination :
septicémie donneur ignorée,
manipulation du produit
I.B.3) Perfusions,
médicaments injectables :
- Propofol :
- Solvant = huile,
glycérol = milieu de culture,
sans conservateur, prolifération
rapide
- règle
d'utilisation : utilisation
immédiate, un seul patient (y
compris tubulure, seringue),
asepsie
I.B.4) Monitorage invasif :
- KT centraux
- PA sanglante
(contamination poche contre-pression)
I.C - Réactions aux produits
sanguins :
I.C.1) Accidents hémolytiques
:
- hyperthermie : parfois
premier signe
- incompatibilité ABO le
plus souvent
- dgn difficile en
per-anesthésie
I.C.2) Réactions fébriles
non hémolytique :
- plus fréquent
- Ac anti leucocytes ou anti
plaquettes
I.D - Maladies endocriniennes :
I.D.1) Thyréotoxicose :
- aggravation brutale
hyperthyroïdie
- rare car ttt pré-op
- rare per op (6 - 18 h post
op)
I.D.2) Phéochromocytome :
- état d'hypermétabolisme
: identique à HTM
- pronostic vital dgn et ttt
rapides
- clinique non spécifique,
dgn différentiel difficile avec HTM
- traiter comme HTM
I.E - Causes thermiques :
I.E.1) Réchauffement excessif
:
- longue durée
- grande surface de
réchauffement disponible (ORL,...)
I.E.2) Frisson pot-op +/-réchauffement
actif au réveil : correction excessive de
l'hypothermie
I.E.3) Garrot membre :
pédiatrie
- sécrétion
catécholamines ?
- redistribution ?
I.F - Syndrome malin des
neuroleptiques :
- rare : 2/1000
- tous les neuroleptiques :
- ttt psy
- anti émétique
(métoclopramide)
- anesthésie (dropéridol)
- non familial
- physiopatho différente :
altération activité dopaminergique centrale
- pas de réaction croisée avec HTM
- test contracture = HTM non
susceptible
- dgn différentiel avec HTM
difficile, voir impossible
- pas de signe pathognomonique
(clinique, labo)
- rarement fulminante
- ttt = Dantrolène, curarisation
quand même !!!
I.G - Autres causes :
I.G.1) Lésions encéphaliques
:
- TC sévère
- encéphalopathie
post-anoxique
- rupture anévrisme
intracrânien
I.G.2) Hémopathie (lymphome)
: lyse tumorale
II - CAT devant une hyperthermie sous anesthésie :
- penser à HTM
- vérifier capno
- rechercher d'autres signes cliniques,
polypnée, rigidité,...
- vérifier système de réchauffement
- vérifier température pré-op du patient
- administrer Dantrolène au moindre doute
réaliser les examens complémentaires guidés
par les hypothèses diagnostiques (hémoculture, compatibilité
sanguine,...).