HYPOTHERMIE PER OPERATOIRE
- Equilibre thermique peranesthésique :
L'hypothermie est constante en l'absence de moyens
de prévention :
- baisse production chaleur
- altération thermorégulation
- augmentation pertes
- redistribution
3 phases :
1) Phase initiale : baisse
initiale rapide de 2°C (première heure de l'anesthésie),
redistribution de la chaleur, avec mélange de la chaleur
périphérique et de la chaleur centrale, dû à la
vasodilatation des médicaments anesthésiques.
2) Phase lente : baisse lente
de la température jusqu'à 34,5°C, en 1h30.
Bilan calorique négatif. Pertes > production de chaleur.
Diminution production chaleur, V°O2 = -30% à cause de la baisse
de l'activité musculaire, du métabolisme, et du travail
respiratoire.
Pertes :
- cutanées : convection, radiation : 90 à
110 W, = principale cause d'hypothermie
- évaporation pulmonaire : 12 W, = 10 % des
pertes totales, due aux gaz froids et secs.
- perfusions : 18 W (= 1 l/h à 21°C)
- transfusion : 34 W (= 1 l/h à 4°C)
- évaporation : sudation plaie opératoire
(plèvre, péritoine)
- radiation + convection = 80% des pertes
totales !!
Altération thermorégulation : la
thermorégulation n'est pas supprimée, la mise en marche des
mécanismes correcteurs est plus tardives. Frissons,
vasoconstriction apparaissent seulement à 34,5°C au lieu de
temp<36,8°C en temps normal.
Sudation à seulement 38°C.
3) Phase 3 : réapparition de
la vasoconstriction.
Autres facteurs de l'hypothermie :
- type d'anesthésie : AG = ALR !!( même
refroidissement qu'AG)
- type de chirurgie : durée, hémorragie,
clampage
- terrain : vieillard, enfant
Conséquences de l'hypothermie :
1) Per op : hypothermie peu gênante et
parfois favorable.
Peu d'importance si hypothermie modérée.
- protection contre ischémie, hypoxie (neurochir,
carotides)
- modification pharmacocinétique : augmentation
puissance halogénés ( baisse MAC), augmentation durée action
vécuronium
- augmentation du saignement chirurgical : baisse
fonction plaquettaire, augmentation du TS
2) Post op immédiat : hypothermie
jamais utile, dangereuse.
- inconfort : mauvais souvenir, douleur augmentée
par les frissons
- vasoconstriction : réponse thermogulatrice,
protège le noyau central, ralenti le réchauffement HTA,
cyanose, altération signal SpO2, pb surveillance en SSPI !
- réponse adrénergique :
- augmentation catécholamines (adrénaline,
noradrénaline) => augmentation FC, HTA, augmentation
résistances vasculaires des coronaires.
- frissons : accélère le réchauffement mais
:
- augmentation V°O2
- augmentation travail respiratoire
- augmentation travail cardiaque
- augmentation extraction oxygène en
périphérie
- risque de décompensation : insuffisance
cardiaque, insuffisance respiratoire, insuffisance
coronaire.
3) A distance :
- septiques : augmentation fréquence des
abcès de paroi
- morbidité cardio-vasculaire :
- augmentation fréquence ischémie
myocardique
- augmentation fréquence trouble du
rythme
- augmentation durée hospitalisation
Traitement hypothermie au réveil :
- poursuivre AG si hypothermie sévère ou
patient à risque
- réchauffement cutané
- traiter événements cardio-vasculaire :
- anti HTA
- anti arythmiques
- empêcher le frisson :
- Clonidine IV
- morphinomimétique (Péthidine)
La logique, c'est de prévenir
l'installation de l'hypothermie per op.
Maintenir normothermie per op contre les
conséquences de l'hypothermie avec couverture chauffante.
Prévention hypothermie :
=> diminution perte
=> apporter des calories
par toutes les voies :
1) Réchauffement cutané :
Seul moyen réellement efficace.
Peau = principal échangeur de chaleur avec
l'environnement. Transfert de chaleur proportionnel à la
température cutanée (30 W par degré supprimé). Seul moyen
réellement efficace.
=> couverture électrique, convection forcée
d'air chaud.
Limites :
- Température maximum : risque de
brûlure, température limitée à 41°C (normes
françaises), (capacité de l'appareil)
- Durée de l'intervention :
- problème pour intervention de
courte durée. Prévenir redistribution de la
chaleur en amenant la température du
compartiment périphérique proche de celle du
compartiment central, AVANT l'induction.
- Possible avec réchauffement
cutané avant l'induction (1 à 2h), le
préréchauffement permet de limiter voire
supprimer le gradient entre noyau et
périphérie.
- Surface cutanée disponible pour
réchauffement :
- chirurgie céphalique : 80%
surface corporelle
- chirurgie abdominale (en DD) : 40%
- chirurgie abdominale (position
gynéco) : 25%
Il faut réchauffer la totalité de la surface
corporelle disponible : importance de l'installation de la
couverture (effet de serre).
2) Autres moyens :
- inefficaces si utilisés seuls
- association au réchauffement cutané
parfois utile
- cas particulier : la transfusion
- La transfusion :
Réchauffement obligatoire quand transfusion rapide et/ou
massive.
L'arrivée directe du sang froid à 4°C au noyau aggrave
l'hypothermie.
Risque de troubles du rythme graves (T<32°C).
Moyens :
- bain marie : interdit pour CG et
PFC
- réchauffeurs à sang
- Pertes liées aux perfusions : (au
mieux : gain de 18W)
Problème lié au débit de perfusion (<10 ml/kg/h)
car se refroidit pendant le trajet le long de la ligne de
perfusion. Utiliser réchauffeur à contre-courant
(jusqu'au patient).
- Gaz anesthésiques :
Température maximum de réchauffement = 41°C (risque de
brûlure des voies aériennes).
réchauffeur humidificateur, filtre humidificateur,
système fermé (chaux sodée). Peu de différence
d'efficacité entre eux.
- Température de la salle d'opération
:
- inefficace si utilisée seule
- limitée par le confort de
l'équipe chirurgicale
- le plus important : température
au contact immédiat de la peau
(micro-environnement)
- Isolation cutanée :
- inefficace si utilisée seule
- réduit les pertes de 40%
- le choix des matériaux est indifférent
(drap suffisant)
- ce qui est important :
- recouvrir le plus tôt
possible
- recouvrir le maximum de
surface possible.
- Matelas chauffant :
- apport calorique modeste : 9 W
- surface cutanée concernée peu
importante : < 25 %
- température réchauffement
limités (cf. risques)
- risque : brûlure jusqu'au 3°
degré, avec décès...
- facteurs favorisants :
- terrain vasculaire
- clampages vasculaires
- longue durée
- dysfonctionnement du
matériel
- => à ne pas recommander
Chronologie de la prévention :
- commence avant l'installation du patient :
- branchement du matériel
- préréchauffement
- continue dès son installation :
- isolation cutanée
- couvertures chauffantes
- ne pas négliger pendant la mise en place
du monitorage
- se poursuit pendant le transfert en SSPI
Résumé :
- ne marchent pas utilisés seuls :
- réchauffement gaz anesthésiques
et perfusions
- isolation cutanée
- matelas chauffant
- obligatoire : réchauffement des produits
sanguins si transfusion massive/rapide
- ce qui marche :
- réchauffement cutané par
couverture chauffante, le plus tôt possible, sur
la plus grande surface possible