LE REVEIL
I - Définition :
Le Réveil =
Récupération, à la fin de l'intervention
:
- des fonctions cérébrales :
- * mentales (AG)
- * sensitives (AG & ALR)
- * motrice (AG & ALR)
- des fonctions respiratoires :
- * délivrance en O2
- * élimination du CO2
- de la fonction cardiaque :
- retour de la normothermie
+ Prévention et traitement de la douleur post-opératoire.
II - Physiopathologie du réveil :
1) Réveil neurologique après AG :
Deux phases :
- Précoce : exploration :
- * réponses aux ordres simples
- * donner son nom, sa date de naissance, son âge
- Tardive : exploration (des fonctions cognitives)
:
- * test complexe, ayant peu d'intérêt pour juger
de la sortie de la SSPI
Facteurs de variations du délai de réveil
(AG) :
- Agents halogénés :
- * solubilité dans le sang et les tissus : moins un
agent halogéné est soluble, moins il influe sur
la durée du réveil. Quand peu soluble, peu de stockage
donc réveil rapide (Desflu, Sévo, Proto).
- Halothane : très soluble, beaucoup de stockage, réveil
long.
- Les halogénées peu solubles sont intéressant
uniquement pour longue chirurgie (pas de stockage). Sur une anesthésie
courte, les durées de réveil entre les différents
halogénées sont identiques.
- * durée d'administration
- * ventilation alvéolaire (durée de ventilation
pour éliminer les gaz)
- Morphiniques :
- * T1/2
- * context sensitive half time : temps qu'il faut, après
arrêt de la perfusion, pour diminuer les taux plasmatique
de 50 %.
- paramètres dépendant de la liposolubilité
et de la clairance plasmatique
- ¤ Fentanyl : pas de perfusion continue car très
longue durée pour baisser de 50 % le taux plasmatique (stockage
+++)
- ¤ Sufenta : ok, pas de stockage
- ¤ Alfentanyl : pour des chirurgies > 200 min
car durée de réveil identique au Sufenta (< 200
min : réveil plus long)
- ¤ Rémifentanil : récupération
en 3 min, quelque soit le temps de perfusion, est éliminé
très rapidement (mais, plus rien contre la douleur après
3 min !)
- Agents IV :
- * si induction IV seulement : le réveil est rapide,
dépendant de la distribution de la molécule
- * si perfusion continue d'entretien :
- ¤ durée d'administration
- ¤ volume de distribution (liposolubilité) : intérêt
du Propofol (grand volume de distribution, donc pas de saturation
des compartiments)
- Curares : pas d'effet sur les fonctions
cognitives.
Retards de réveil :
- - hypoxie cérébrales per-opératoire
- - surdosage médicamenteux
- - hypothermie
- - hypoglycémie
- - hyponatrémie (en urologie, avec lavage de vessie)
- - embolie gazeuse cérébrale.
Etats d'agitation :
- - Eliminer :
- * frissons postopératoires
- * crise convulsive
- - Causes évidentes :
- * globe vésicale
- * douleur +++
- * obstruction sonde d'intubation
- - Autres causes :
- * hypoxie cérébrale
- * hypoTA ( Débit Sanguin Cérébrale)
- * métabolisme :
- ¤ hypoglycémie (ATCD diabète)
- ¤ hyponatrémie
- * médicamenteuse :
- ¤ benzodiazépine
- ¤ atropine à dose élevée
- ¤ kétamine
- - Rechercher :
- * un sepsis
- * AVC
- * DT (ATCD)
2) Réveil respiratoire après AG :
- Position du problème :
- * 1ère cause de mortalité en SSPI
- * 50 % des accidents post-op (dont 30 % mortels)
- * dépression respiratoire +++ : 55 %
- * inhalation : 27 %
- Terrain :
- * sujets âgés :
- ¤ PaO2 diminuée par rapport au sujet jeune
- ¤ baisse de la réponse à l'hypoxie et à
l'hypercapnie
- ¤ sensibilité augmenté aux morphiniques
- * IRC :
- * obèse :
- ¤ hypoventilation alvéolaire
- ¤ SAS (Syndrome d'Apnée du Sommeil)
- ¤ obstruction des VAS
- Baisse de la PaO2 :
- * effet de la chirurgie : chirurgie thoracique et abdominale
- ¤ syndrome restrictif postop pendant 10 - 15 jours
- ¤ hypoventilation (douleur)
- ¤ augmentation encombrement bronchique
- ¤ atélectasie
- ¤ dysfonction diaphragmatique (1 semaine)
- * effet résiduels des agents anesthésiques
:
- ¤ baisse de la VA (Ventilation Alvéolaire)
- ¤ obstruction VAS (morphinique, curare)
- ¤ alternation du réflexe de déglutition
:
- * frissons postopératoires
- Traitement préventif :
- * O2 +++
- * antagonisation :
- ¤ Flumazenil
- ¤ Néostigmine
- * position ½ assise
- * tête en extension
- * kiné respiratoire
- * analgésie : place de l'ALR
- Critères d'extubation :
- * conscience (réponse aux ordres simples)
- * décurarisation (head lift test +)
- * ventilation : VS pdt 5 min avec :
- ¤ SaO2 > 98 %
- ¤ PetCO2 < 40 mmHg
- ¤ Fréq entre 10 et 30/min
- ¤ VT > 300 ml
- ¤ rythme & amplitude ok
- * normothermie
- * absence de complications chirurgicales
- * déglutition
- * bonne stabilité hémodynamique
3) Réveil cardiovasculaire après AG :
FC x VES = DC = RVS x PAM
VES : Précharge, contractilité myocardique
- Altération hémodynamique du réveil
:
- * état cardio vasculaire du patient
- * anesthésie (agents médicamenteux, hypothermie,
douleur)
- * chirurgie :
- ¤ perte sanguine (ortho, vasculaire)
- ¤ perte liquidienne (chir abdo)
- ¤ chir aortique, cardiaque
- Types d'évènement :
- * HTA rare :
- ¤ incidence 13 %
- ¤ définition : augmentation > 20 % du pré
op
- ¤ augmentation des RVS, du DC, de la FC, de la VO2
- ¤ attention lors de l'extubation
- Causes :
- ¤ douleur post-op
- ¤ frissons
- ¤ hypercapnie, hypoxie
- ¤ agitation, globe vésicale
- ¤ plus fréquent chez l'hypertendu et après
chir carotidienne
- Risques :
- ¤ augmentation VO2 ischémie cardiaque
- ¤ augmentation saignement (neurochir, carotide, ORL,
plastie)
- Traitement de la poussée hypertensive au réveil
:
- ¤ traiter la cause (globe vésical, douleur)
- ¤ peser rapport coût/bénéfice : ASA
I différent d'un ASA III
- ¤ agents médicamenteux :
- . inhibiteurs calciques :
- Diltiazem (Tildiem)
- Nifédipine (Adalate)
- Nicardipine (Loxen)
- dilatation artérielle baisse post charge
- dilatation coronaire
- augmentation du DC
- . bloquants : Esmolol (Brévibloc)
- . TNT (Lénitral) :
- dilatation coronaire
- dilatation veineuse
- * HypoTA : incidence 33 %
¤ baisse précharge = hypovolémie
¤ baisse RVS
¤ baisse contractilité
- Hypovolémie : déficit liquidien
- saignement
- baisse retour veineux :
- PNO
- augmentation pression intra abdominale
- Baisse RVS = réchauffement trop rapide (chir cardiaque)
- sepsis
- Risques :
- ¤ baisse DC
- ¤ baisse débit coronaire (IDM)
- ¤ baisse débit cérébral
- ¤ baisse débit rénal (oligurie)
- Traitement : REMPLISSAGE ++
- * Ischémie et incompétence myocardique :
- Incidence : 0,5 % chir générale, 20 -
30 % chir cardiovasculaire
- Conséquence des modifications TA et pouls : baisse
TA, augmentation FC IDM (dgn ECG)
- Baisse du DC :
- ¤ IDM
- ¤ effets résiduels des agents anesthésiques
- ¤ EP
- ¤ PNO
- ¤ tamponnade
- Traitement :
- ¤ Ephedrine
- ¤ Phénylephrine
- ¤ Dopa/Dobu
- ¤ Adrénaline
- * Trouble du rythme :
- Bradycardie
- ESA - ESV :
- ¤ hypoK
- ¤ hypo Mg
- ¤ hypoxie, hypercapnie
- ¤ voie veineuse centrale
- ¤ ischémie myocardique
- BAV (rare sauf chir cardiaque)
- Traitement :
- ¤ sulfate de MG (ESA)
- ¤ Cordarone (fibrillation auriculaire)
III - Complications du réveil :
1) Hypothermie per-op - Frissons :
Hypothermie per-op vasoconstriction cutanée
=>
augmentation catécholamines
augmentation demande en O2
frissons
Conséquences énergétiques
du frisson :
- - augmentation consommation d'O2 augmentation travail cardiovasculaire
et respiratoire
- - augmentation production CO2 augmentation travail respiratoire
- est sans conséquence si ASA I, mais si capacité
d'adaptation réduite RISQUE
La production d'énergie au réveil est
déterminée par la dette thermique per-opératoire.
Le frisson est d'autant plus fréquent au réveil
que la température centrale en fin d'intervention est basse.
L'énergie dépensée au cours
du réveil permet le réchauffement du patient hypotherme.
Conséquences cardiocirculatoires de l'hypothermie
:
- Augmentation VO2 diminution SvO2 (attention quand anémie)
=>
- augmentation demande en O2 augmentation DC
- augmentation catécholamines (adrénaline) =>
- augmentation FC, RVS, TA
- augmentation consommation en O2 du myocarde
Déterminants de la capacité d'adaptation
:
- volémie
- Hb
- état cardiaque antérieur
Conséquences respiratoires de l'hypothermie
:
Augmentation production de CO2 augmentation ventilation
minute (augmentation Vt et fréq)
Si capacité d'adaptation limitée augmentation
PaCO2.
Traitement des frissons post-op :
- préventif : contrôle de la
température en salle d'op
- curatif :
- * poursuite de l'AG (BZD + morphinique)
- * morphiniques : Péthidine fait diminuer frissons
- * Clonidine : 75 microgrammes IVD fait diminuer frissons
- * réchauffement cutané
- * O2, corriger hypovolémie, contrôler Hb
2) NVPO : Nausée et Vomissement Post-Op :
Augmente la durée de séjour en SSPI.
Augmentation nombre d'hospitalisation non programmée
(chirurgie ambulatoire)
Incidence : 30 % nausée,
20 % vomissement
Facteurs favorisants
:
- - chirurgie :
- * coelioscopie gynéco
- * correction strabisme
- * végétations
- * chirurgie oreille moyenne
- * thyroïdectomie (+ bleu de méthylène)
- - terrain :
- * âge < 50 ans
- * ASA I - II
- * femme (avant ménopause)
- * mal des transports
- - anesthésie :
- * agents halogénés
- * N2O
- * morphiniques
- * anticholinestérasiques
- * ventilation au masque facial
Traitement :
- - Dropéridol :
- * 10 - 20 microgramme/kg
- *effet secondaire = somnolence
- * ne pas dépasser 1 à 1,5 mg.
- - Métoclopramine (Primpéran) :
- * efficacité variable selon étude
- * augmente tonus cardia
- * augmente vidange gastrique
- * 10 à 30 mg
- - Ondansétron (Zophren) : traitement curatif
- * 4 mg chez l'adulte
- * 0,1 mg/kg chez l'enfant
3) Curarisation résiduelle :
Cf cours sur les curares.
4) Douleurs post-op : traitement de la douleur en SSPI
L'évaluation et le traitement de la douleur
commencent en SSPI.
La chirurgie entraîne des douleurs par excès
de stimulations nociceptives.
Le stimulus douloureux dépend
:
- - du type de chirurgie :
- thoracique
- abdominale haute
- genou
- - du type d'incision :
- - du temps :
- maximum 48 premières heures
- pic du 1er matin
- - du repos par rapport au mouvement :
- inspiration profonde : augmentation
- mobilisation : augmentation
- - de l'importance et de la qualité de l'analgésie
peropératoire.
Evaluation : +++
- EVS : Echelle Verbale Simple
- niveau de douleur : 0 = douleur absente
- 1 = faible
- 2 = modérée
- 3 = intense
- EN : Echelle Numérique, notre entre
0 et 100
- EVA : Echelle Visuelle Analogique, formation
des patients lors de la consultation d'anesthésie.
Agents pharmacologiques
:
- analgésiques non morphiniques injectables
: efficace pour douleur modérée (ortho, ORL, stomato,
gynéco, obstétrique), prescription pour 72 h.
- * Prodafalgan : 2 g (=1 g paracétamol)
- IV en 15 min
- délai action : 15 - 30 min
- effet maxi : 60 - 120 min
- durée action : 6 h
- dose maxi : 8 g/24 h
- CI : insuffisance hépatocellulaire
- * AINS (attention car effet sur hémostase) : Kétoprofène
(Profénid)
- analgésique morphinique : Morphine
- SC, IM : PAS BON car absorption variable efficace
- IV : titration
- 3 mg IVD/10 min jusqu'à EVA < 30 mm
- * si dose totale < ou = 6 mg Prodafalgan
- * si dose totale > 6 mg PCA morphine :
- ¤ 1 mg/ml
- ¤ bolus 1 mg
- ¤ période réfractaire : 5
min
- ¤ perfusion de base = 0
- ¤ dose maxi = 20 mg/4h ou 0
- Pas de limitation pour la dose maxi lors de la
titration mais surveillance FR, SpO2, ...
- IV continue : risque de dépression respiratoire
IV - Moyens de surveillance du réveil :
Décret 94-1050 du 5/12/94 :
Matériel
:
- fluides médicaux par emplacement : O2, air
comprimé, vide
- prises électriques
- rail mural avec débitlitre d'O2 et aspiration
faible et forte
- scope, PNI, SaO2, température centrale
- couverture électrique
- ballon autogonflable
- respirateur (alarme de pression, de volume, spiromètre,
FiO2, capno)
- matériel d'intubation
- défibrillateur
- PSE
- accélérateur-réchauffeur de
sang
- moniteur de curarisation
Personnel :
- IDE, IADE
- au minimum, 1 agent pour 4 lits.
V - Critères de sortie de SSPI:
Pour sortir, le patient
:
- doit avoir récupéré de l'AG,
ou manifesté des signes de récupération de
l'ALR
- ne doit pas avoir de complication chirurgicale
nécessitant le retour rapide en salle d'opération
- ne doit pas avoir de complication liée au
terrain
- ne doit pas avoir une des complications courantes
du réveil :
- * frisson
- * douleur post-op
- * NVPO
Scores de sortie
: discutables
- Aldrete : 5 critères (motricité,
respiration, PA, conscience, coloration)
- Steward : 3 critères (conscience, ventilation,
motricité)
- KB : 15 critères
Feuille de surveillance
:
- médicolégale
- PA, FC, FR, SaO2, Température centrale,
diurèse,...
- score de sortie
- la décision de sortie relève de la
compétence et de la responsabilité du MAR
- signature de l'autorisation de sortie
VI - Réveil et ALR :
Par définition, le patient n'est pas " endormi "...
Mais passage obligé en SSPI.
3 questions :
1) Quelle ALR ?
a) Péri-Rachi :
- stabilité cardio-vasculaire (bloc sympathique)
: ce bloc a une durée plus longue que le bloc sensitivo-moteur.
- ALR baisse RVS, baisse retour veineux
- si niveau bas (<D12) peu de modification
- si > ou = D6 retentissement hémodynamique +++, chute
TA, chute Qc
- Si chute TA en SSPI : remplissage (500 - 750 ml), Ephédrine
- normothermie -QS)
- miction (chez l'opéré non sondé)
:
- rétention aiguë d'urine +++
- ambulatoire : attendre miction efficace
- hospitalisé : vérifier absence
de globe vésicale, préciser la surveillance post-op
- motricité spontané :
- ambulatoire : indispensable
- hospitalisation : pas indispensable mais surveillance +++
b) Blocs périphériques
:
b1) ALRIV :
2 problèmes :
- relargage des AL à la levée du
garrot céphalée
- engourdissement labial
- acouphènes
- phosphènes
- goût métallique
- somnolence
- convulsions
- traitement de la douleur post-op : pas d'analgésie
résiduelle
b2) Bloc plexus brachial
: voie interscalénique
bloc du nerf phrénique
baisse de 25 % de la Capacité Pulmonaire Totale
2) Sédation de complément ou
non ?
Tout complément transforme en loco-général
passage en SSPI
Risques :
- dépression respiratoire hypoxémie
- potentialisation rachianesthésie + BZD
Agents de choix :
3) Type de chirurgie
Cf cours correspondant.