LES ANTICOAGULANTS
I - DEFINITION.
Ä Ce sont des médicaments destinés à limiter l'extension d'une thrombose déjà existante (éviter la formation d'un nouveau caillot). Ils ne peuvent en aucun cas dissoudre un caillot existant.
Ä Dans un but préventif, ils sont donnés pour éviter la formation d'un caillot chez un patient à haut risque (absence de caillot existant).
II - LEUR PLACE EN CARDIOLOGIE.
Ä Ils sont très utilisés en cardiologie.
Ä Curatif.
F Il y a déjà un caillot en place.
F Après un infarctus du myocarde (de préférence sous anticoagulants à vie pour éviter une nouvelle thrombose coronarienne).
F Après la découverte d'une phlébite.
F Après la découverte d'une embolie pulmonaire.
F Après la découverte d'un embol artériel des membres inférieurs ce qui entraîne des signes d'ischémie aiguë (jambe froide, douloureuse et une abolition du pouls en aval). C'est une urgence chirurgicale.
Ä Préventif.
F Patients à risque thromboemboliques (haut risque).
ü Déjà un infarctus du myocarde (^m guéri car il y a un risque de récidive).
ü Un patient qui souffre d'Angor instable (angine de poitrine). Le patient a des coronaires rétrécies par des plaques d'atérome. A l'effort il y a une douleur semblable à celle de l'infarctus du myocarde.
ü Un patient qui souffre d'un rétrécissement mitral. Cela peut faire des micros caillots dans l'oreillette gauche. Le caillot peut alors sortir et aller au cerveau pour donner un accident vasculaire cérébral.
ü Un patient ayant une insuffisance cardiaque importante.
III - EN DEHORS DE LA PATHOLOGIE CARDIAQUE.
Ä Les anticoagulants sont très utilisés après une intervention chirurgicale (orthopédie, urologie, gynécologie, chirurgie digestive).
IV - LES HEPARINIQUES.
Ä Les héparines standards.
F Mode d'action.
ü Toutes les héparines standards et calciques agissent en inhibant la transformation de prothrombine en thrombine donc il n'y a pas de transformation de fribrinogène en fibrine (antithrombine).
F Utilisations ou indications.
ü L'héparine standard est un médicament de l'urgence car elle agit très rapidement en quelques minutes et son action se prolonge de 2 heures à 4 heures. Elle est donc indiquée dans le traitement de l'urgence (infarctus du myocarde, embolie pulmonaire, phlébite, ischémie des membres inférieurs).
F Voie d'administration et dosages.
ü Voie intraveineuse stricte.
ü De préférence en seringue auto pousseuse pour obtenir une anticoagulation stable et régulière sur 24 heures.
ü Les dosages sont fixés par le médecin.
w 25.000 UI à 38.000 UI par 24 heures.
w La dose efficace thérapeutique est très vite atteinte mais comme l'héparine n'agit que sur 2 à 4 heures on peut très vite réajuster la dose.
w La prescription doit être faite en UI / 24 h et non en mg. Elle doit être datée et signée.
F Surveillance infirmière.
ü Liée à l'efficacité du traitement.
w Avec l'héparine il existe un risque majeur de surdosage qui peut entraîner une hémorragie plus ou moins grave. Il existe des moyens de diminuer considérablement ce risque.
w Il existe une surveillance biologique pour contrôler l'efficacité du traitement (héparinémie et TCK).
w En début de traitement, l'héparinémie et le TCK vont être fait 2 fois par 24 heures.
w Lorsque le chiffre est atteint, on espace le TCK et l'héparinémie.
w Le moment pour faire un prélèvement sanguin importe peu, du moment que le patient ait une seringue auto pousseuse.
w L'héparinémie et le TCK vont tester l'efficacité du traitement.
w Pour que le patient soit considéré comme efficacement anticoagulé, le résultat de l'héparinémie doit être compris entre 0,2 et 0,4 voire 0,5 UI / ml.
w En dessous de 0,2 UI / ml le patient est considéré comme peu efficacement anticoagulé. La dose est insuffisante.
w A partir de 0,6 UI / ml on a atteint l'anticoagulation maximale. Le risque de surdosage est très élevé.
w Dans les 2 cas, le médecin doit être prévenu très vite.
w Lorsqu'il s'agit du TCK, le TCK doit être 1 fois ½ à 2 fois le TCK du témoin.
ü Liée au dépistage des complications (surdosage).
w Ginginorragies.
w Hématome au point de ponction.
w Hématomes spontanés.
w Hématurie discrète.
w Hématémèse.
w Sang dans les selles.
w Toujours prévenir le médecin.
w Héparinémie, TCK.
w Surveiller les éventuelles hémorragies.
w Informer le patient.
w L'hémorragie peut s'extérioriser ou rester à l'intérieur. Dans ce cas, la tension artérielle va avoir tendance à baisser, le pouls va s'accélérer et le patient va devenir pâle.
w Il existe un médicament antidote pour l'héparine, c'est le sulfate de protamine.
w Il existe aussi un risque de thrombopénie, donc il faut faire une N.F.S. au moins dans la semaine.
w Les allergies à l'héparine sont très rares.
w Ce traitement va durer quelques jours et il sera relayé par un autre anticoagulant (calci, lovenox, anti-vitamines k).
Ä Les héparines calciques.
F Mode d'action.
ü Le même que l'héparine standard avec un délai d'action plus long. Elle n'agit qu'au bout de 1 à 2 heures et dure 12 heures. Ce n'est donc pas un médicament de l'urgence.
F Utilisation ou indications.
ü Très utilisé en post opératoire et en chirurgie générale ainsi qu'en relais de l'héparine (en cardiologie) lorsque le risque de thrombose est écarté.
F Voie d'administration.
ü En sous cutanée (voir fiche technique sur les injections sous cutanées).
ü Le dosage varie en fonction des patients (poids, risque, etc.).
ü L'héparinémie doit être prélevée à mi-chemin entre 2 injections (une injection toutes les 8 heures).
ü Les Héparines calciques doivent toujours être faites à la même heure.
ü Avantages:
w Pas de perfusion.
w Permet au patient de se lever.
w Le patient peut apprendre à se faire les injections.
F Surveillance.
ü Identique à l'héparine.
Ä Les héparines de bas poids moléculaire (hbpm).
F Lovenox.
F Fraxiparine.
F Fragmine.
F Mode d'action.
ü Elles agissent en inhibant le facteur anti Xa. Ce sont des anti Xa.
F Utilisations ou indications.
ü A ce jour, elles ne sont pas utilisées en urgence.
ü Elles sont très utilisées en traitement préventif post opératoire.
ü Elles sont utilisées en prévention des troubles thromboemboliques (cardiologie), en Angor instable.
ü Elles sont très utilisées en relais de l'héparine à la place de l'héparine calcique.
ü Elles sont parfois utilisées à titre curatif, notamment dans le cas des phlébites en ville (doses plus élevées qu'en préventif).
F Voie d'administration.
ü En sous cutanée (voir fiche technique sur les injections sous cutanées).
F Surveillance infirmière.
ü Doses préventives.
w Très peu de risque de surdosage. Il n'est donc pas nécessaire de faire l'examen d'activité anti Xa. Les héparines de bas poids moléculaires ont une activité anti-thrombotiques mais il y a beaucoup moins de risque hémorragique car elles n'agissent pas sur la globalité de la coagulation.
ü Doses curatives.
w On doit contrôler leur efficacité par un examen biologique (activité anti Xa). Cet examen se prélève 3 à 4 heures après l'injection.
w Le résultat doit être compris entre 0,5 UI et 1 UI / ml de plasma.
w Il existe un risque hémorragique moins important qu'avec les héparines.
V - LES ANTI-VITAMINES K.
Ä Sintom.
Ä Tromexane.
Ä Préviscan.
Ä Apegmone.
Ä Pindiome (ne devrait plus être utilisé).
Ä Mode d'action.
F Ils agissent en inhibant la production de vitamines K qui est nécessaire à la fabrication des facteurs de la coagulation (facteurs 2, 7, 9, 10). Ces facteurs vont devenir inactifs.
F Le délai d'action est de 24 heures à 48 heures voire 72 heures pour certains. Ce ne sont pas des médicaments de l'urgence.
Ä Voie d'administration.
F Uniquement per-os.
F En cardiologie, c'est utilisé en relais de l'héparine, de la calciparine ou des héparines de bas poids moléculaire.
F Les anticoagulants per-os sont donnés pour un traitement au long court (45 jours pour un plâtre) ou à vie chez les patients ayant fait un infarctus du myocarde ou chez les patients porteurs de valve synthétiques (mitrale ou aortique).
F Posologie.
ü Elle varie de ½ comprimé à 1½ comprimé par jour.
ü Le relais avec les héparines va s'effectuer sur plusieurs jours (2 à 4 jours).
JOUR 1 | JOUR 2 | JOUR 3 |
Calci Même dose + 3/4 Sintrom |
Calci + 3/4 Sintrom (Tp + Inr) |
Calci + 3/4 Sintrom (Tp + Inr) |
Ä Surveillance infirmière.
F Liée à l'efficacité du traitement.
ü L'efficacité peut être contrôlée par des examens biologiques (TP et INR).
w TP: %.
w INR: Chiffre brut.
w INR = (Temps de Quick malade / Temps de Quick Témoin)isi.
w Isi: Indexe de sensibilité international.
ü En cardiologie le TP doit être compris entre 25 % et 35 % pour être considéré comme bien anticoagulé.
ü En cardiologie l'INR doit être compris entre 2 et 4 (parfois 5).
ü En post opératoire, en chirurgie orthopédique les chiffres ne sont pas aussi extrêmes.
ü Ce TP est demandé en urgence avant une la mise au traitement, tous les jours au début du traitement et puis une fois par mois au domicile.
F Liée au dépistage des complications (hémorragies).
ü Même surveillance et même risque que pour l'héparine.
ü L'antidote des anti vitamines k sont les vitamines k en injection (intramusculaire ou intraveineuse). C'est efficace en 3 à 5 heures.
ü Pour inhiber l'action des anti vitamines k, on peut passer en intraveineuse des PPSB (Fraction coagulante de plasma) en urgence (saignements).
F Education du patient.
ü Le patient doit partir avec un certain nombre d'informations.
w Prendre le traitement tous les jours à la même heure.
w Le TP et l'INR doivent être fait tous les mois au même laboratoire.
w Avoir toujours des médicaments d'avance.
w En cas d'oubli, ne jamais consommer de médicaments contenant de l'aspirine, ni ses dérivés. Cela va potentialiser l'action des anticoagulants. Prendre de préférence du paracétamol.
w Le patient doit être informé du risque hémorragique.
- Ginginorragie.
- Urines rouges.
- Sang dans les sels.
w Il doit sortir en sachant faire un pansement compressif.
w Le prévenir qu'il y a des activités dangereuses (bricolage).
w Il doit porter sur lui une carte (remise à sa sortie) indiquant qu'il est sous anticoagulants.
w Il doit éviter de manger des aliments contenant des vitamines k (épinards, chou, persil).
w Il doit toujours prévenir son dentiste. Le cardiologue décidera de la suite à donner en cas d'extraction.
w Il doit toujours informer un nouveau médecin ou le chirurgien qui doit l'opérer.
w Ne pas prendre de médicaments sans avis médical.
w Nécessité d'un suivi.
F Rappels de ce que doit savoir une infirmière.
ü Penser à comprimer le point de ponction veineux( 2 à 3 minutes).
ü Pas d'intramusculaire chez ces patients.
ü Ne jamais donner de médicament sans prescription.
ü Avant une artériographie ou une coronarographie, le patient doit être anticoagulé (en cardiologie). Prélever un TP ouune héparinémie (la veille et le matin).
ü En cas d'extraction dentaire (ou de petite chirurgie) se conformer au protocole du service.
ü Si le patient doit avoir un choc électrique, un TP ou une héparinémie doivent être prélevés le matin et la veille.
Cours de François TAGLANG