LES DEPRESSIONS


INTRODUCTION.

C'est un des symptômes les plus fréquents de la médecine. Il existe trois grands cadres de dépressions.

Ä La dépression qui survient au cours de la psychose maniaco dépressive. C'est une dépression endogène, qui vient de l'intérieur de l'individu et non de son environnement.

Ä La dépression d'ordre pathogène: Elle est très fréquente et survient à l'occasion d'un stress, le plus souvent sur une personnalité atteinte de névrose ou de troubles pathologiques.

Ä La dépression qui survient comme symptôme d'une autre maladie: tumeur au cerveau, certaines épilepsies, schizophrénies, etc.

 


SEMIOLOGIE DES TROUBLES DEPRESSIFS.

Ä L'humeur dépressive.

F C'est le symptôme le plus caractéristique., C'est décrit par le sujet comme une tristesse importante, un abattement, un désespoir, un découragement. Cela peut atteindre une douleur morale. La tristesse est persistante, irraisonnable, incontrôlable et inconsolable. La tristesse peut être niée et contenue. L'humeur peut être remplacée par:

F La dysphorie: mauvaise humeur entrecoupée de colères.

F Un sentiment de lassitude, de désintérêt, d'émoussement affectif. La personne n'éprouve plus de plaisir pour les activités qu'il appréciait, c'est l'anhédonie. C'est vécu de façon angoissante et culpabilisante par le sujet. Cet émoussement affectif touche les choses heureuses ou malheureuses.

F L'hyperthymie douloureuse: C'est une hyper sensibilité maladive à des broutilles, des bricoles.

F Elle est variable dans le temps. Elle prédomine le matin et s'estompe au courant de la journée.

Ä Symptômes psychomoteurs.

F Ralentissement moteur.

ü Tous les gestes du sujet sont ralentis (dos voûté, ne répond pas aux questions).

ü Le sujet a une voix monocorde.

ü Le visage est figé.

ü Le débit est extrêmement lent.

F Ralentissement mental.

ü La pensée du sujet est appauvrie, laborieuse. Le sujet parle toujours de la même chose, mono thématique.

ü Les capacités de lecture sont très diminuées.

F L'agitation anxieuse.

ü Parfois, le ralentissement moteur est remplacé par une agitation anxieuse.

Ä Diminution des capacités d'efforts et d'initiatives.

F Ils ont un fléchissement de la volonté. Les sujets se plaignent d'avoir une fatigue insurmontable et ils ne prennent aucune initiative pour surmonter cela (sur le plan professionnel, familiale et social). Ils sont complètement passifs, repliés sur eux même, inactifs. Cela peut aller jusqu'à ne plus se laver. Toute son activité se dégrade.

Ä Les troubles cognitifs.

F Fonction cognitive globale.

F Diminution de la concentration, de l'attention, de la mémoire. Le sujet s'en plaint de façon excessive. C'est la mémoire à court terme qui est touchée.

F La représentation et contenus de pensée vont subir des distorsions pathologiques, ce qui ca donner de la psychologie dépressive. Il y a des traits dominants:

ü Idée d'infériorité, de déchéance, d'échecs, de perte de l'estime de soi, pessimisme.

ü Le sujet n'arrive pas à se débarrasser de ses idées. Il y a un trouble du jugement.

ü Il a un sentiment de culpabilité qui peut se généraliser et atteindre l'auto accusation.

ü Il n'a aucun espoir de guérison.

ü Sa vision du monde extérieur est déformée de façon négative.

ü Il va se décrire incompris, maltraité par son entourage.

ü Il a une vision déformée au niveau de son coeur; troubles hypocondriaques.

ü La conséquence majeure de tous ces troubles, c'est le risque suicidaire. Au début, le sujet va s'interroger sur l'intérêt qu'il a à vivre. Ensuite il se demande s'il y aurait un soulagement en mourant. Ensuite il a des idées noires et une auto accusation, un manque de courage de passer à l'acte puis il y a le stade du passage à l'acte. Les éléments qui font craindre un geste suicidaire.

ü Anxiété très importante.

ü Troubles du sommeil très importants.

ü Culpabilité très importante.

ü Antécédents suicidaires.

F L'altération pathologique des raisonnements.

ü Le jugement du patient est extrêmement rigide. Il va perdre sa souplesse d'évolution des situations. Il n'a aucune capacité critique. Il interprète tout de façon péjorative.

Ä Signes végétatifs ou physiques.

F Ils sont très fréquents et très précoces. Ils peuvent précéder les signes psychiques.

F L'asthénie. La fatigue est inexpliquée. La fatigue s'aggrave particulièrement à l'effort et même aux efforts psychologiques. Un exercice physique peut atténuer cette fatigue.

F Les troubles du sommeil. Ils sont très fréquents. Le plus souvent, il s'agit d'insomnie:

ü Insomnie d'endormissement: ils ne trouvent pas le sommeil: déprime anxieuse.

ü Insomnie du milieu de nuit: ils se réveillent au milieu de la nuit.

ü Insomnie de fin de nuit: ils se réveillent très tôt (la dépression la plus caractéristique).

ü Insomnie mixte: elle associe les trois précédentes.

ü Certains patients ont de l'hypersomnie. Ils dorment beaucoup. Le sommeil est une sorte de refuge. Dans tous les cas, la qualité de sommeil est très mauvaise.

F Les troubles sexuels.

ü Très fréquents et dissimulés par les malades. Il y a une diminution de la libido, du désir. Cela peut aller jusqu'à un dégoût de la sexualité. Cela peut se traduire par une frigidité chez la femme ou une impuissance chez l'homme.

F Les troubles digestifs.

ü Sensation de lenteur digestive, de ballonnement, des nausées, des troubles du transit.

F Les troubles urinaires.

ü Pollakiurie: action d'aller souvent aux toilettes. C'est surtout chez les sujets anxieux.

ü Dysurie: difficulté à uriner.

ü Brûlures urinaires sans infection.

F Les troubles cardio vasculaires.

ü Troubles de la tension artérielle: hypo ou hyper.

ü Tachycardie ou bradycardie.

ü Bouffées vaso motrices: genre bouffées de chaleur.

F Les troubles neuro musculaires.

ü Affaiblissement de la force musculaire.

ü Crampes.

ü Contractures.

ü Paresthésies: troubles de la sensibilité.

ü Céphalées.

ü Vertiges.

Ä Anxiété associée à la dépression.

F La plupart des états dépressifs s'accompagnent d'anxiété qui peut être majeur dans certains cas. L'anxiété va s'accompagner de symptômes physiques.

 


LES FORMES CLINIQUES.

Ä Dépressions névrotiques, pathogènes.

F Elles sont caractérisées par différentes choses.

F L'humeur dépressive variable a un caractère relationnel. On peut l'appeler une dépression compréhensive. Le sujet ne se rend pas responsable mais responsabilise sont entourage.

F Une grande prédominance de symptômes anxieux: tension anxieuse, ruminations anxieuse, un sentiment d'insécurité. Il aura beaucoup de signes physiques, de l'anxiété, des tendances hypocondriaques, des symptômes phobiques, il y a une insomnie d'endormissement. Il voit les choses en noir mais il garde de l'espoir.

F Les symptômes dus à la névrose sous jacente. On va retrouver les symptômes de sa névrose chez les sujets névrotiques qui ont une dépression. On va les retrouver aussi sur des sujets qui ont des personnalités pathologiques.

F Le ralentissement psychomoteur n'est pas très intense.

F Les conduites suicidaires sont fréquentes mais sans réel désir de mort. Il y aura beaucoup de tentatives de suicides mais peu de mort.

F La réactivité par rapport au milieu environnant.

Ä Dépressions anxieuses agitées.

F Les symptômes anxieux sont au premier plan du tableau et quelques fois ils occultent les symptômes dépressifs: patient agité.

Ä Dépressions inhibées, ralenties.

F Le ralentissement psychomoteur est très important.

Ä La mélancolie.

F C'est une dépression très sévère avec un risque suicidaire très élevé.

F Douleur morale très intense.

F Ralentissement psychomoteur important.

F Asthénie.

F Laisser aller complet.

F Auto dépréciation très importante.

F Perte d'espoir.

F Idées noires avec un risque suicidaire important.

F Anorexie, amaigrissement.

F Insomnies matinales.

Ä Dépressions psychotiques ou mélancolies délirantes.

F Le sujet a des idées négatives qui peuvent donner une vraie construction délirante qui va aboutir à un délire de culpabilité. Cela peut aller jusqu'aux hallucinations visuelles et auditives. Tous les thèmes délirants sont possibles. Cela peut aller jusqu'au syndrome de Cotard: c'est le délire de négation d'organes.

Ä Mélancolies Stuporeuses. (qui vient de stupeur)

F Forme particulière avec un ralentissement psychomoteur. Le sujet est prostré, immobile avec quelques fois l'incapacité de boire et manger. (aspect de syndrome catatonique.

Ä Dépressions hostiles.

F C'est le stade plus important de l'agitation. Le sujet est agressif, irritable. C'est fréquent chez l'adolescent et chez l'enfant. Deux cas de figures peuvent se présenter:

F L'agressivité apparaît avec les symptômes dépressifs et disparaît avec les symptômes.

F Chez les sujets impulsifs et agressifs à la base, la dépression disparaîtra mais l'agressivité restera.

F Chez les personnes âgées, c'est plus de l'hostilité envers l'entourage, un refus de coopérer.

Ä Dépressions confuses, pseudo démentielles.

F Cela ressemble à une démence.

F Troubles de la mémoire.

F Troubles de l'orientation.

F Troubles du jugement.

F Baisse globale de toutes les performances intellectuelles.

F Surtout chez les sujets âgés.

F La seule façon de faire le diagnostic, c'est de donner un anti dépresseur.

Ä Dépressions mixtes.

F Elles se voient exclusivement dans la psychose maniaco dépressive. Le patient aura à la fois les éléments maniaques et les éléments dépressifs.

Ä Dépressions masquées, hypocondriaques.

F Equivalents dépressifs somatiques.

ü Ce sont les signes cliniques que l'on peut considérer comme équivalents de dépressions. Les symptômes vont toucher la sphère digestive et la sphère cardio respiratoire. Il y a aussi des douleurs.

F Equivalents dépressifs psychiques.

ü Ce peut être des troubles de conduite alimentaire: anorexie.

ü Les problèmes sexuels: baisse du désir, impuissance, frigidité.

ü Les troubles du comportement: agitation, etc.

ü Les troubles d'allure névrotiques avec des symptômes de névrose.

Ä Dépressions atypiques.

F Ce sont des dépressions qui n'en sont pas vraiment.

F Schizophrénie, psychoses, les sujets ont des idées bizarres, délirantes.

F Cela débute chez les sujets jeunes (20 ans).

Ä Dépressions à caractère saisonnier.

F Dépressions qui ont l'air de récidiver spontanément à la même période de l'année (automne - hiver). Elles ont plusieurs caractéristiques:

F Augmentation de l'appétit: sucré.

F Hypersomnie.

F Baisse d'énergie.

F Repli sur soi.

F Surtout chez les femmes (90%).

Ä Dépressions chroniques.

F 15 à 20% des dépressions.

F Durée > 2 ans.

F Intensité variable.

F Pas très importante.

F Ralentissement professionnel et familial.

F Critères des dépressions.

 


CAUSES ORGANIQUES DE SYNDROMES DEPRESSIFS.

Ä Causes neurologiques: tumeurs au cerveau, A.V.C.(hémorragies, infarctus), maladie de Parkinson, sclérose en plaques, etc.

Ä Causes endocriniennes: hyperthyroïdie, diabètes, troubles de la ménopause, etc.

Ä Causes générales: cancers, leucémies, tuberculoses, sida, etc.

Ä Les médicaments:

F Les corticoïdes.

F Les bêta bloquants.

F Certains hypertenseurs:

ü Aldomet.

ü Catapressan.

 


COMMENT FAIRE LE DIAGNOSTIC DE DEPRESSION ?

Ä Ne pas confondre une anxiété névrotique et une dépression.

F Les symptômes de dépressions sont identiques à l'anxiété névrotique.

Ä Ne pas méconnaître une dépression masquée par des troubles somatiques.

F Dépression:

F Disproportion entre les symptômes et leur retentissement sur sa vie.

F Prédominance matinale des troubles.

F Rechercher les troubles du sommeil et de l'appétit.

F Rechercher les centres d'intérêts du sujet.

Ä Ne pas méconnaître une étiologie organique.

Ä Situer le contexte d'apparition de la crise dépressive.

F Rechercher un choc affectif (récent ou pas).

F Recherche de la situation de stress durable: ordre professionnel chez les hommes et d'ordre conjugal chez les femmes.

F Recherche de changements de vie récente (négative ou positive).

Ä Evaluer la personnalité en situation.

F Personnalité névrotique ou pathologique?

 


QUAND HOSPITALIER UN PATIENT ?

Ä Quand il y a un risque suicidaire important:

F Douleur morale intense.

F Anxiété très importante.

F Idées délirantes.

F Altération de l'état général.

F Notions d'antécédents suicidaires chez le sujet ou dans sa famille.

Ä Milieu socio familiale défavorable.

Ä Perte importante du sommeil.

Ä Quand il y a coexistence avec une autre pathologie psychique importante (schizophrénie).

Ä Quand le sujet peut être dangereux envers les autres.

Ä Quand il y a un traitement par perfusions.

Ä Quand on doit surveiller les effets secondaires.

Ä Quand il y a résistance au traitement.

Ä Pour réaliser la sismographie (électrochocs).