LES TROUBLES PSYCHIQUES DE LA PUERPERALITE

(la grossesse)


I – LES TROUBLES PSYCHIQUES SURVENANT PENDANT LA GROSSESSE.

Ä Généralités.

F La grossesse joue un rôle protecteur par rapport aux troubles psychiatriques majeurs (accès mélancolique, accès maniaque, les poussées aiguës de schizophrénie). Cela permet souvent de diminuer les doses de neuroleptiques.

F Sur les états névrotiques, il y a très peu d'amélioration pendant la grossesse, voire même des aggravations.

F Les grossesses s'accompagnent de troubles psychiques donnent des difficultés obstétricales plus fréquentes et plus importantes que les autres.

Ä Modifications mineures ou transitoires.

F Elles sont fréquentes.

F Des périodes d'irritations.

F Des périodes de tristesse, de vague à l'âme.

F Des périodes de labilité émotionnelle (sauts d'humeur).

F Des moments d'inquiétude liés à la peur d'avoir un enfant anormal, un enfant mort né, la peur d'être incompétent.

F De l'anxiété surtout au premier trimestre de la grossesse qui va diminuer.

Ä Nausées et vomissements.

F On les observe chez 50 % des femmes lors du premier trimestre. Ils peuvent se prolonger au-delà du troisième mois (assez souvent chez les femmes hystériques ou immatures, isolées sur un plan social ou affectif).

F Dans certains cas ils sont très graves (vomissements incoercibles de la grossesse dans 4 pour 1.000 cas) à traiter par l'hospitalisation.

Ä Etats dépressifs de la grossesse.

F Dans 10 % des grossesses.

F Dépression névrotique.

© Les plus fréquentes.

© Le plus souvent il s'agit d'une décompensation d'une névrose préexistante.

© Circonstances favorisantes.

ü Age relativement bas.

ü Antécédents d'I.V.G.

ü Ambivalence vis à vis de la grossesse.

ü Environnement défavorable.

ü Couple instable.

© Surtout dans les premiers mois de la grossesse, d'une durée brève.

© Se manifeste par :

ü Une asthénie.

ü Une dysphorie.

ü Des crises de larmes.

ü Un sentiment d'incapacité, de dépréciation.

ü Une quête affective.

ü Des inquiétudes sur son état de santé et sur celui du bébé.

ü Troubles du sommeil.

F Dépression endogène ou mélancolique.

© Beaucoup plus rare pendant la grossesse.

© Surtout dans la deuxième moitié de la grossesse.

© Elle peut prendre un aspect confusionnel ou délirant.

© Elle peut se poursuivre après l'accouchement.

Ä Traitement.

F Pour les états anxieux ou les dépressions névrotiques, un soutien psychothérapique suffit.

F Essayer de ne pas donner de médicament.

F Le traitement de choix est la sismothérapie (quand il faut traiter).

 


II – LE "POST-PARTUM BLUES".

Ä Il s'observe chez 50 % des femmes qui viennent d'accoucher.

Ä Souvent il y a des manifestations mineures (pas remarquées par l'entourage).

Ä Signes cliniques.

F Une asthénie.

F Des plaintes somatiques.

F Des crises de larmes répétitives.

F Des ruminations permanentes au sujet du nouveau-né.

F Humeur instable (de la tristesse jusqu'à la jubilation).

F Grande sensibilité, susceptibilité, irritabilité.

F Se plaint souvent d'être délaissée.

F Parfois de petits troubles de la mémoire.

Ä Evolution.

F Dure quelques jours, parfois une seule journée.

F Cela disparaît d'autant plus rapidement que les proches sont chaleureux.

F Dans moins de 10 ù des cas, ça persiste plus d'une semaine et ça peut évoluer vers une dépression du post-partum.

Ä Physiopathologie.

F Du à une chute brutale des œstrogènes et de la progestérone, ce qui va entraîner des perturbations au niveau du métabolisme des neurones.

Ä Psychogenèse.

F La jeune mère va s'identifier à sa propre mère (à sa naissance) ce qui va réactualiser les conflits de l'enfance.

F La mère imagine toujours qu'elle va avoir un enfant idéal (deuil de l'enfant idéal).

Ä Traitement.

F Aucun traitement à donner (majorité des cas).

F Entourer la jeune mère, lui donner confiance, la rassurer.

F Quand le post-partum blues est très intense ou persiste pendant plus d'un mois, il faut aller consulter.

 


III – LES PSYCHOSES DU POST-PARTUM BLUES.

Ä Epidémiologie.

F Fréquence : 1 à 2 cas pour 1.000 accouchements.

F Les troubles apparaissant dés le premier mois (80% des cas).

F Les troubles apparaissent dés la première semaine (40 % des cas).

Ä Psychoses délirantes aiguës ou BDA.

F Signes cliniques.

© Début brutal.

© Survient généralement dans les trois premières semaines du post-partum avec un pic de fréquence au 10eme jour.

© Parfois c'est précédé par des crises de larmes, des ruminations anxieuses, une agitation nocturne.

© Très grande variabilité des symptômes.

© Il peut y avoir des troubles de la vigilance.

© La réalité est mal perçue, parfois considérée comme inquiétante.

© Parfois il y a une impression de dépersonnalisation.

© L'humeur est instable, avec des moments de désespoir et d'irritation.

© Thèmes délirants liés à la naissance et à l'enfant.

ü Sentiment de non-existence de l'enfant.

ü Conviction que le véritable enfant a été remplacé par un autre.

ü Conviction que l'enfant a changé de sexe.

ü Crainte injustifiée de la mort prochaine de l'enfant.

ü Délire d'envoûtement, de possession.

© La mère peut être agressive envers l'enfant (toujours craindre un infanticide très soudain).

© Craindre un geste suicidaire de la mère.

© Diagnostic différentiel.

ü Thrombophlébite cérébrale fréquente après l'accouchement. Cela peut donner un tableau de BDA.

w Céphalées.

w Convulsions.

w Signes neurologiques.

F Traitement.

© Neuroleptiques après l'accouchement.

© Sismothérapie si ça résiste aux neuroleptiques.

© Rechute à court terme très fréquent.

Ä Accès maniaques.

F Très fréquents dans le post-partum.

F Début très brutal.

F Survient presque toujours après deux semaines après l'accouchement.

F Principalement des manies délirantes (agitation intense, hallucinations nombreuses, idées de toute puissance, missions divines, thèmes d'influence, thèmes érotomaniaque et persécution).

F Il y a souvent des états mixtes (éléments maniaques et éléments dépressifs).

Ä Accès dépressifs.

F Ils sont fréquents.

F Ils représentent 40% des hospitalisations en psychiatrie dans les 3 mois qui suivent l'accouchement.

F Signes cliniques.

© Fréquence d'éléments stuporeux.

© Eléments délirants.

© Eléments confusionnels.

© Anxiété liée à l'enfant.

F La personne se sent incapable de se soigner. Elle pense qu'elle va mourir. Il existe parfois des pulsions meurtrières envers elle-même ou le bébé.

F Cela implique une hospitalisation.

F Parfois la dépression est moins dramatique, d'allure hypochondriaque avec une asthénie, un amaigrissement.

F Il y a souvent une résistance aux antidépresseurs.

F Le traitement de choix est la sismothérapie.

Ä Etats schizophréniques.

F Ils sont caractérisés par une dissociation avec parfois des éléments délirants.

F Cela peut démarrer très tôt après l'accouchement ou de façon insidieuse avec un comportement bizarre, un désintérêt pour l'enfant.

F Il existe souvent des états similaires dans le passé où la personne est schizoïde à la base.

F L'accouchement a décompensé une schizophrénie.

F Evolution de la schizophrénie classique : incapable d'assumer le rôle de mère avec un comportement lié à des états délirants.

Ä Données étiologiques.

F Variabilité socio-démographiques.

© Facteurs de risques.

ü Premier enfant.

ü Ne pas vivre avec le père de l'enfant.

ü Accouchement par césarienne.

ü Il faut tenir compte du milieu culturel.

F Vulnérabilité personnelle.

© Des maladies psychiatriques.

ü Psychose maniaco-dépressive.

ü Schizophrénie.

© Risque d'hospitalisation après l'accouchement.

F Facteurs biologiques.

© Les remaniements hormonaux sont importants (en intensité et en durée) autour de la grossesse.

F Facteurs psycho-dynamiques.

© Pour les psychanalystes la cause de la psychose puerpérale est un rejet :

ü Conscient quand l'enfant n'est pas désiré.

ü Inconscient lié à la réactivation des conflits de jeunesse de la patiente.

F Environnement.

© La psychose puerpérale est plus fréquente si :

ü Il y a absence du support social.

ü Il y a une existence de facteurs de stress.

Ä Traitement.

F Le traitement de l'atteinte est souvent la sismothérapie qui est plus efficace et qui agit plus vite.

F Il est important de mettre en contact la mère et le bébé le plus tôt possible.

F Le risque de rechute est important (éviter les grossesses rapprochées).

 


IV – DEPRESSIONS MINEURES DU POST-PARTUM.

Ä Epidémiologie.

F Cela touche 10 à 15 % des femmes qui ont accouché.

Ä Signes cliniques.

F Dépression qui peut commencer dés la maternité sous la forme d'un post-partum blues ou après le retour à la maison.

F Sentiment d'abattement.

F Crises de larmes.

F Irritabilité.

F Sentiment d'incapacité : la mère se reproche de mal s'occuper du bébé.

F Tout ce qui a trait au bébé énerve la mère ou l'inquiète (consultation du pédiatre).

F Parfois.

© Anorexie.

© Difficultés d'endormissement, cauchemars.

© Désintérêt pour la sexualité.

© Phobie d'impulsion.

Ä Evolution.

F Dans la majorité des cas il y a une amélioration spontanée en quelques semaines ou quelques mois.

F Si cela se prolonge, il faut un traitement.

Ä Circonstances favorisantes.

F Age : dépressions mineures du post-partum plus fréquentes chez les jeunes.

F Antécédents de carences affectives chez la mère.

F Problèmes psychiatriques au cours de la grossesse.

F Perturbation psychiatrique au cours de la grossesse.

F Attitude négative vis à vis de la grossesse (enfant non désiré, I.V.G. discuté).

F Tension affective dans le couple.

F Post-partum blues sévère.

Ä Conséquences sur l'enfant.

F Elles sont nombreuses.

F Le nourrisson éprouve une privation de soins en quantité car les échanges sont peu nombreux, brefs et en qualité.

F Instabilité car la dépression est fluctuante.

F Certaines femmes compensent en donnant beaucoup de nourriture, de sucre.

F Parfois il y a ignorance ou maltraitance du bébé.

Ä Traitement.

F Antidépresseurs.

F Prévoir une psychothérapie axée sur la relation mère – enfant.

F En cas d'hospitalisation, la faire dans un service mère – enfant.

F Dépistage : crèche, P.M.I.

 


V – DEPRESSIONS DU POST-PARTUM (Avortement).

Ä C'est moins fréquent.

Ä Il y a peu de bouleversement biologique.

Ä Fréquence des hospitalisations en psychiatrie dans les trois mois qui suivent une I.V.G. est cinq fois plus importante que pour un accouchement normal.

Ä Avortements spontanés.

F Réaction dépressive dans 2/3 des cas mais cela dure une semaine.

Ä Interruption volontaire de grossesse.

F Il y a un post-partum blues dans 5 à 10 % des cas.

F Il se manifeste par :

© Des crises de larmes.

© Une tristesse.

© Des regrets.

F Cela dure 2 à 3 jours.

Ä Interruption thérapeutique de grossesse.

F Cela donne exceptionnellement de vraies dépressions.

F Les séquelles psychologiques sont plus lourdes quand la femme n'est pas convaincue de l'utilité du geste.